lundi 3 Juillet 2023
Ça y est, l'arrêté royal du 9 mai 2022 vient d'entrer en vigueur. Cela signifie que la publicité pour les jeux va commencer à disparaitre progressivement de l'espace public. Si la mesure a été saluée par une partie de la communauté scientifique pour ses effets sur la lutte contre l'addiction, elle reste particulièrement contestée du côté des opérateurs, du régulateur et du monde sportif. Ce dernier reste cependant le plus épargné puisqu'il ne ressentira les effets des restrictions qu'à partir de la prochaine saison. Malgré tout, les inquiétudes commencent à augmenter notamment auprès des plus petits clubs.
Entre 2018 et 2022, le nombre de personnes jouant quotidiennement à des jeux de hasard a doublé selon les chiffres du régulateur. Durant la même période, le budget des opérateurs injectés dans le football professionnel a également connu une augmentation de 100 %. Pour le gouvernement, ces deux phénomènes sont liés et constituent une menace pour la santé des joueurs. La publicité serait en effet un catalyseur particulièrement puissant des comportements compulsifs vis-à-vis des jeux. C'est dans cette logique que le ministre de la Justice a proposé un arrêté afin de réduire drastiquement la force marketing des casinos et bookmakers. Le texte a été adopté et devrait entrer en vigueur ce 1er juillet. Désormais, seules les personnes qui recherchent activement des informations sur le jeu pourront être exposées à des messages promotionnels. Dans le sport, la pub va également disparaitre progressivement du stade puis des maillots.
Si l'interdiction de la pub constitue un énorme coup dur pour l'industrie, elle est également difficile à accepter pour le monde du sport. Les opérateurs de jeux de hasard constitueraient en effet une part importante des revenus des clubs. Selon les rapports de Deloitte sur la santé du foot belge, le sponsoring représenterait 10,5 millions d'euros pour la saison 2021/2022. À noter que ce chiffre n'inclut pas le contrat avec la Pro League. Désormais, les clubs vont devoir trouver une autre source de revenus pour combler ce manque. La tâche est d'ailleurs plus difficile qu'il n'y parait, car c'est tout un secteur qu'ils sont amenés à séduire et convaincre. Chaque club possède en effet un sponsor par secteur par exemple une banque, une marque auto ou une bière. Les dirigeants craignent toutefois de ne pas trouver une industrie capable d'investir les mêmes sommes que celle du jeu. Avec la pandémie et l'inflation, les marques ont en effet diminué drastiquement leur budget marketing.
Le monde du sport peut toutefois souffler par rapport à celui des jeux. Les mesures prévues par le gouvernement ne seront en effet effectives qu'à partir de la saison prochaine. Les contrats signés pour le prochain exercice sont donc saufs, ce qui laisse le temps aux dirigeants de s'organiser pour faire face au départ des casinos et des bookmakers. À noter d'ailleurs que l'entrée en vigueur de l'arrêté ne semble pas avoir découragé ces derniers. Napoleon Games et Golden Palace viennent en effet d'annoncer un nouveau partenariat de 4 saisons avec respectivement Anderlecht et le Cercle de Bruges. Leur marge de manœuvre reste cependant restreinte. Les publicités dans les stades sont en effet désormais interdites. À partir de 2025, seul le logo sera autorisé sur l'avant des maillots sur une surface de 72cm². Et à l'aube 2028, seuls les clubs amateurs pourront porter des pubs sur un espace de 50cm². Enfin, il convient d'évoquer le cas particulier des équipes de cyclisme qui ont un contrat de naming avec un opérateur de jeux. Des discussions sont en cours afin d'éclaircir quelques zones d'ombre dans l'arrêté royal. La loi belge n'est en effet valable qu'en Belgique ce qui offre une potentielle dérogation aux équipes internationales.