Circus Daily dans le viseur du CDJ : journalisme ou publicité déguisée ?
» Commission des jeux de hasard » Jeux d'argent en ligne en Belgique

Logo Jeu-Argent.be
Logo Jeu-Argent.be

Le Conseil de déontologie journalistique interroge l'indépendance de Circus Daily

dimanche 6 Juillet 2025

Circus Daily dans le viseur du CDJ : journalisme ou publicité déguisée ?

Le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) s'est récemment penché sur le site Circus Daily, soupçonné de semer la confusion entre contenu éditorial et promotion déguisée pour la marque de jeux de hasard Circus. Si le CDJ reconnaît la qualité journalistique des contenus, il invite l'opérateur à lever toute ambiguïté. Retour sur un dossier où la frontière entre information et marketing semble bien floue.

Quand le journalisme flirte avec la communication de marque

Lancé en mai 2024, soit peu après l'entrée en vigueur de la loi Van Hecke limitant strictement la publicité pour les jeux de hasard, Circus Daily s'est rapidement imposé dans le paysage médiatique sportif belge. Avec des contenus axés sur l'actualité du mercato et une figure médiatique comme Fabrizio Romano, le site affirme sa légitimité éditoriale. Mais derrière cette façade journalistique, certains observateurs, dont plusieurs députés, soupçonnent une tentative de contournement réglementaire. Notamment pour maintenir la visibilité de la marque Circus à travers un média à l'apparence neutre.

Un avis critique mais nuancé du CDJ

Le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) a rendu un avis consultatif, que le journal LeSoir.be a pu consulter. Si le CDJ reconnaît clairement le caractère journalistique des contenus – actualité sportive, ligne éditoriale définie, intérêt public – il pointe un « risque de confusion » entre information et publicité, en raison de la proximité manifeste avec l'univers de la marque Circus.

Le nom du site, la charte graphique, les polices et codes couleurs évoquent très directement la maison mère, Gaming1. Pour le CDJ, cette ressemblance peut induire le public en erreur, surtout en l'absence d'indications claires sur l'indépendance de la rédaction.

Autre point de vigilance : l'organisation interne. La rédaction de Circus Daily est sous-traitée à deux journalistes de Sudinfo, détachés via une filiale maltaise du groupe de jeux. Or, aucune mention sur le site ne précise la nature de cette relation, ni comment est assurée l'autonomie rédactionnelle vis-à-vis de l'opérateur.

Des ajustements annoncés, mais pas de remise en question

Face aux critiques, Sudinfo affirme avoir saisi le CDJ de sa propre initiative afin de dissiper les doutes, notamment après des difficultés rencontrées lors de demandes d'accréditation pour couvrir certains matchs. Son représentant, Cédric Baufayt, se montre rassurant : une charte déontologique va être publiée pour clarifier les engagements éditoriaux du site. Il précise toutefois que la question du logo ou de l'identité visuelle relève uniquement de Circus.

Du côté de Circus Daily, la ligne défensive reste ferme : aucun changement de nom, ni de logo n'est prévu. L'entreprise assure que la marque est juridiquement indépendante et que la séparation avec l'univers du jeu est nette, tant sur le plan éditorial que promotionnel. Elle dénonce un traitement différencié, soulignant que le groupe IPM, ancien propriétaire de Betfirst, avait également publié des contenus sportifs sur La DH, sans faire l'objet d'avertissement formel du CDJ à l'époque.

Une stratégie de contournement assumée ?

Depuis l'interdiction de la publicité pour les jeux de hasard entrée en vigueur en juillet 2023, plusieurs opérateurs ont modifié leurs stratégies. Circus Daily est loin d'être un cas isolé. D'autres entités comme Golden Palace News, BetFirst.sport ou encore PepperMill & Friends ont adopté une approche similaire en lançant des marques "médias" ou "communautaires" destinées à conserver une présence dans le sport ou l'actualité, sans faire directement la promotion des jeux.

Mais cette nouvelle frontière entre médias et marques commerciales devient de plus en plus floue. Si les contenus respectent - en apparence - les standards journalistiques, le contexte, le financement, l'identité visuelle et les liens capitalistiques invitent à la prudence, comme le rappelle le CDJ. Ce dernier n'impose pas de mesures coercitives, mais invite clairement à une plus grande transparence vis-à-vis du public.

L'affaire Circus Daily révèle les tensions actuelles entre régulation des jeux de hasard, liberté d'expression commerciale et éthique journalistique. La reconnaissance du travail journalistique par le CDJ n'absout pas des responsabilités de clarté et d'indépendance. À l'heure où la frontière entre contenu éditorial et marketing devient poreuse, le cas de Circus Daily risque bien de faire jurisprudence dans le secteur. Et de pousser à un encadrement plus strict des "nouveaux médias" financés par les opérateurs de jeux.

Circus - Casino légal en Belgique

Circus a été agréé
par Commission des Jeux de Hasard de
Belgique sous l'agrément n°A+20635.

Logo de la Commission des Jeux de Hasard

Les autres actualités de la Commission des Jeux de Hasard