mardi 30 Avril 2024
En Belgique, les jeux d'argent et de hasard sont autorisés par la loi, mais particulièrement réglementés. L'objectif derrière la législation stricte consiste à offrir un environnement de jeu sécurisé pour les joueurs afin de limiter les risques d'addiction et d'endettement. Dans cette optique, une liste noire a notamment été mise en place par la Commission des jeux de hasard. Elle répertorie toutes les personnes interdites de jeu. Celles-ci peuvent y être inscrites par des tiers, mais également de leur propre gré. Cet outil est-il cependant efficace pour prévenir les problèmes liés à l'addiction ?
La liste EPIS a été mise en place il y a 20 ans afin de répertories les personnes interdites de casinos et de salles de jeux. Certains corps de métiers y sont inscrits d'office pour préserver leur déontologie et éthique. La majorité des noms sur la liste noire correspond cependant à des joueurs qui ont choisi de se faire volontairement interdire des établissements de jeux. Lors du dernier recensement, ils seraient 55 000 à avoir formulé une demande d'auto-exclusion. À noter qu'ils n'étaient que 3 000 il y a 20 ans. Il est aussi possible de s'exclure du jeu en ligne grâce à l'application itsme. Le numéro de registre national du demandeur est inscrit sur la liste noire en quelques clics.
Pour la Commission des Jeux de Hasard, le système EPIS est un formidable outil de prévention. Il permet en effet aux joueurs de se protéger contre le démon du jeu et de l'addiction. Ils les aident à mieux gérer leur activité de jeu et surtout leurs dépenses. La présidente Magali Clavie a toutefois souhaité indiquer que l'efficacité de la liste EPIS ne relève pas d'une simple appréciation du régulateur. 90 % des inscrits se disent en effet satisfaits de s'être fait exclure. « Ça leur a été très bénéfique, non pas seulement pour leurs finances, mais aussi dans leur relation. », déclare-t-elle face à RTBF.
À noter que la liste noire des joueurs prévoit des interdictions temporaires. Si un joueur souhaite rejouer, il peut envoyer une demande au régulateur. Après une période d'attente de 3 mois, il a la possibilité de reprendre son activité de jeu. Aux Pays-Bas, ce délai minimum est de 6 mois tandis qu'en France, il va jusqu'à 3 ans. Pour Magali Clavie, la période de 3 mois est suffisante et permet aux joueurs de tester l'efficacité de l'outil.
Les joueurs inscrits sur EPIS sont interdits des casinos, des salles de jeu et des agences de paris. Comme souvent, cependant, il existe une exception. La liste EPIS ne concerne pas la Loterie nationale. Un joueur interdit de casinos peut donc continuer à consommer les produits de l'opérateur d'État. Cette distinction dans la législation s'expliquerait d'abord par le rôle joué par celui-ci au sein de la société.
D'après Jérémie Demeyer, la Loterie nationale réinvestis 100 % de ses bénéfices dans le vivre ensemble, via les bonnes causes ou les initiatives des pouvoirs publics. Il indique également que les jeux proposés par l'opérateur d'État sont moins addictifs. Cet argument est toutefois décrié par les observateurs et les acteurs privés. Une étude commandée par ces derniers montre d'ailleurs que les jeux Woohoo sont aussi dangereux que les machines à sous. La Commission des jeux de hasard a également déjà noté la similarité entre ces deux types de produits.
Bref, même si elle reste perfectible, la liste EPIS reste un excellent outil de prévention pour protéger les joueurs. Il n'y a cependant pas d'effet miracle et les experts préconisent une assistance psychologique pour les joueurs à problème.