mercredi 7 Février 2024
Les salles de jeux automatiques pullulent en Belgique. Elles proposent notamment des machines à sous et des roulettes automatiques avec des mises limitées. Il existe cependant un lieu où elles sont devenues incontournables, la frontière franco-belge. Que ce soit à Quiévrain, Pecq ou Aubange, les salles de jeux automatiques font partie intégrante du paysage urbain. Elles accueillent évidemment plus de 80 % de joueurs français, mais réalisent étrangement moins de profits que leurs homologues plus centrés. Elles suscitent également moins de controverses, explications.
Les opérateurs de jeux privés ne le cachent pas, ils nourrissent un intérêt particulier pour les communes frontalières avec la France. Massimo Menegalli, CEO de Golden Palace, affirme par exemple que : « la frontière est une zone stratégique ». La répartition et les conditions nécessaires à l'ouverture d'un casino chez le voisin tricolore font en effet qu'une voie s'ouvre pour les salles de jeux automatiques en Belgique. Elles permettent de capter une clientèle en quête de divertissement comme le faisaient les discothèques à une autre époque. D'ailleurs, 80 % de la clientèle dans ces établissements seraient des Français. Pour profiter de cette manne financière, une multitude d'opérateurs légaux en Belgique ont donc multiplié les investissements dans les communes frontalières. Aujourd'hui, les salles de jeux automatiques font partie intégrante du paysage au point qu'elles sont devenues incontournables.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les salles de jeux frontalières ne génèrent pas d'énormes revenus. Cela s'expliquerait par la perception du jeu dans les deux pays. En France, il est avant tout vu comme un divertissement. Les joueurs viennent pour s'amuser et ont conscience qu'ils ne repartiront pas forcément avec le jackpot. Le jeu est d'ailleurs moins diabolisé et davantage présenté comme un loisir. En moyenne, un joueur français dépense entre 35 et 40 euros lors d'une session dans une salle de jeu. Selon Dorian Verfaille, responsable des sites physiques pour Gaming1, ses clients viennent surtout pour passer une après-midi ou une soirée entre amis. Il présente d'ailleurs ses établissements comme les successeurs spirituels des bistrots d'antan.
À noter cependant qu'il est difficile de jauger objectivement le succès des salles de jeux automatiques. Les données de la Commission des jeux de hasard ne donnent en effet aucun indicateur direct. L'augmentation de 74,9 % du chiffre d'affaires par rapport à 2021, par exemple, tient davantage au fait que les établissements ont pu rouvrir après la pandémie qu'à une affluence de la clientèle française. Le fait que 3.418 personnes de nationalité française soient inscrites sur la liste EPIS ne peut également pas être directement attribué aux salles automatiques. Une chose est cependant sure, elles réalisent moins de bénéfice que leurs homologues plus centrés avec une moyenne de 980.000 euros.
Si les salles de jeux automatiques situées à la frontière génèrent moins d'argent, elles connaissent cependant un succès plus retentissant auprès des élus. Ces derniers sont en effet nombreux à louer leurs bienfaits. À noter d'ailleurs qu'ils le font de manière totalement désintéressée, car les salles de jeux ne rapportent presque rien aux communes. Le bourgmestre du Hainaut, par exemple, indique qu'ils ont permis de baisser la criminalité. Les salles se situent en effet en dehors du centre dans des zones parfois désertées. Ces lieux étaient autrefois un terrain de chasse idéal pour les voleurs. Avec l'activité générée par les salles de jeu, cependant, la sécurité a pu être renforcée grâce notamment à un meilleur éclairage et à la mise en place de caméra de surveillance. Selon Massimo Menegalli d'ailleurs, ses établissements sont souvent sollicités pour délivrer une copie des vidéos dans le cadre des enquêtes pour vol ou accident.
Les salles de jeux participent également à la vie de la commune via des loteries dont les bénéfices sont reversés à des œuvres. Elles sponsorisent aussi des clubs locaux ou des associations sportives. Malheureusement, l'interdiction de la publicité pour les jeux d'argent a mis un terme définitif à ce type d'opérations. Les salles sont désormais en quête de nouvelles manières de participer à la vie de la commune.