Publicité des jeux en ligne en Belgique : la Cour constitutionnelle épingle une discrimination en faveur de la Loterie nationale
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Jeux de hasard et publicité : l'interdiction contestée, la Loterie nationale dans le collimateur de la Cour constitutionnelle

vendredi 12 Décembre 2025

Cour constitutionnelle

La Cour constitutionnelle belge a jugé partiellement inconstitutionnelle une disposition de la loi du 18 février 2024 qui instaure des restrictions strictes sur la publicité des jeux de hasard en ligne, au motif qu'elle crée une discrimination en faveur de la Loterie nationale. Alors que les restrictions restent en vigueur jusqu'au 31 décembre 2026 pour laisser le législateur réformer, cette décision souligne surtout la nécessité d'harmoniser les mesures de protection entre opérateurs privés et la Loterie nationale, notamment pour les jeux de loterie instantanés en ligne

Contexte de la loi du 18 février 2024

La loi du 18 février 2024 modifie la loi du 7 mai 1999 relative aux jeux de hasard, avec pour objectifs principaux de renforcer la protection des joueurs et lutter contre l'addiction aux jeux de hasard. Elle introduit notamment :

Ces règles s'ajoutent aux dispositions antérieures issues de l'arrêté royal du 27 février 2023 qui encadrent déjà strictement la publicité pour les jeux de hasard (notamment dans le sport, à la télévision, en ligne, etc.).

La décision de la Cour constitutionnelle

Dans son arrêt n° 165/2025 rendu en décembre 2025, la Cour constitutionnelle a analysé les recours introduits par plusieurs opérateurs actifs dans les jeux et paris en ligne. Elle a :

  • Rejeté l'essentiel des critiques visant à invalider les nouvelles mesures en tant que telles, y compris la condition d'âge ou l'interdiction de publicité, considérant qu'elles poursuivent un objectif légitime de protection des joueurs et sont suffisamment claires et précises.
  • Relevé en revanche une discrimination constitutionnelle entre les opérateurs privés et la Loterie nationale, dans la mesure où certaines mesures ne s'appliquent pas à des jeux de loterie en ligne proposés par cette dernière.

Pourquoi cette discrimination ?

La Cour estime que, même si les jeux de loterie ne sont pas influencés par le comportement du joueur (ex. tirage vs jeu interactif), l'expérience de jeu en ligne est comparable à celle des jeux de hasard, notamment pour les jeux de loterie instantanés qui permettent des cycles de jeu rapides et répétitifs - facteurs connus d'addiction.

En conséquence, la Cour a annulé l'article 4 de la loi du 18 février 2024, tout en maintenant ses effets jusqu'à l'adoption d'une nouvelle législation - et au plus tard jusqu'au 31 décembre 2026.

Impact pour la Loterie nationale

La Loterie nationale bénéficie aujourd'hui de traitements législatifs différents par rapport aux opérateurs privés en matière de publicité et d'autres restrictions. Selon la Cour, ces différences sont injustifiées pour certains jeux de loterie proposés en ligne qui présentent des caractéristiques de jeu proches des jeux de hasard classiques (addiction, jeu rapide et répétitif, etc.).

Débats politiques et économiques

Cette décision relance le débat politique :

  • Stefaan Van Hecke (Groen-Ecolo) a estimé que l'époque où les opérateurs privés jouissaient de libertés publicitaires excessives est révolue, donnant priorité à la santé publique. Il est favorable à ce que les mêmes restrictions s'appliquent à la Loterie nationale.
  • Des conséquences financières potentielles pour la Loterie nationale sont évoquées, notamment si des restrictions de publicité sont étendues à tous ses jeux en ligne - ce qui pourrait impacter ses recettes et donc les projets culturels et sportifs qu'elle finance.

4. Publicité des jeux de hasard et mesures en vigueur

Même indépendamment de l'affaire constitutionnelle, la Belgique dispose déjà d'un régime très strict en matière de publicité, que ce soit pour les opérateurs privés ou pour la Loterie :

  • La publicité pour les jeux de hasard (y compris en ligne) est généralement interdite, sauf cas expressément autorisés.
  • Les licences ne peuvent faire de publicité que sur leurs propres sites ou réseaux sociaux, dans des conditions strictes (pas de ciblage vers les mineurs ou vulnérables, durée limitée des contenus, avertissements obligatoires, etc.).
  • Des sanctions (amendes allant de 208 € à 576 000 €) existent pour publicité non autorisée.

Perspectives législatives à venir

La Cour a laissé au Parlement jusqu'à fin 2026 pour corriger la loi afin de rendre les mesures plus équitables entre opérateurs privés et la Loterie nationale. Plusieurs pistes sont discutées :

  • Extension de certaines restrictions de publicité ou protections à certains jeux de la Loterie nationale (notamment les jeux de loterie instantanés en ligne).
  • Renforcement des définitions légales pour éviter toute discrimination et mieux encadrer les risques d'addiction entre tous les opérateurs.
  • Adaptation de la législation en tenant compte des lignes directrices européennes, notamment en matière de libre prestation de services (les opérateurs européens non basés en Belgique peuvent différemment faire de la publicité tant qu'ils respectent le droit de l'UE et ses principes).

La décision de la Cour constitutionnelle met en lumière une inégalité juridique actuelle entre les opérateurs de jeux privés et la Loterie nationale, en termes d'application des règles de publicité et de protection des joueurs. Tout en validant globalement les objectifs de protection des jeunes et des joueurs vulnérables, la Cour impose au législateur de corriger cette situation avant fin 2026, ce qui pourrait conduire à de nouvelles mesures significatives dans le paysage réglementaire belge des jeux de hasard.

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Notre note : 9.5/10
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