mardi 30 Décembre 2025
La lutte contre la publicité illégale pour les jeux d'argent sur les réseaux sociaux s'intensifie en Belgique. En 2025, la Commission des Jeux de Hasard (CJH) a signalé pas moins de 7.820 publicités illicites à Meta, selon une réponse parlementaire de la ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V). Un chiffre en forte hausse qui confirme l'ampleur du phénomène et les limites du contrôle exercé par les grandes plateformes numériques.
En réponse à une question parlementaire, la ministre de la Justice Annelies Verlinden a confirmé que la Commission des Jeux de Hasard a transmis 7.820 signalements de publicités illégales pour des jeux d'argent à Meta entre le 7 janvier et le 30 novembre 2025.
Ces signalements concernent des publicités promouvant des opérateurs non autorisés, des bonus interdits ou encore des messages trompeurs contournant la réglementation belge très stricte en matière de communication commerciale pour les jeux de hasard.
Depuis 2024, la CJH dispose d'un « canal privilégié » avec Meta, permettant un traitement accéléré des contenus problématiques. Si ce mécanisme facilite les retraits, il ne permet toutefois pas d'endiguer durablement la réapparition de nouvelles annonces illégales.
Cette communication officielle s'inscrit dans la continuité d'informations déjà révélées plus tôt en 2025. Comme nous vous l'indiquions précédemment, la CJH avait déjà dénoncé 1.298 publicités trompeuses sur Meta entre janvier et mars 2025.
Cette progression rapide illustre plusieurs réalités :
Le chiffre de 7.820 publicités sur moins de onze mois confirme que le phénomène est loin d'être marginal.
La Belgique applique l'un des cadres réglementaires les plus contraignants d'Europe en matière de publicité pour les jeux de hasard. Depuis l'entrée en vigueur de l'arrêté royal du 27 février 2023, la publicité est quasi totalement interdite, à l'exception de certaines communications très encadrées pour les opérateurs licenciés.
Toute publicité pour un site illégal constitue donc une double infraction :
Les réseaux sociaux, et en particulier Facebook et Instagram, sont régulièrement pointés du doigt par la CJH comme des vecteurs majeurs de ces infractions.
Selon les autorités belges, Meta tient compte des signalements transmis par la CJH et procède généralement à la suppression des contenus incriminés. Toutefois, ces retraits interviennent a posteriori, une fois la publicité déjà diffusée.
La ministre de la Justice reconnaît que ce système atteint ses limites :
malgré les suppressions, de nouvelles publicités illégales continuent d'apparaître, souvent via d'autres comptes, d'autres pages ou des campagnes légèrement modifiées.
Cette situation relance le débat sur la responsabilité accrue des plateformes numériques, notamment dans le cadre du Digital Services Act (DSA), qui impose aux grandes plateformes des obligations renforcées en matière de lutte contre les contenus illégaux.
Pour la CJH, ces signalements ne relèvent pas uniquement d'un enjeu réglementaire, mais bien d'une question de protection des joueurs, en particulier des publics vulnérables et des personnes exclues volontairement des jeux de hasard.
La multiplication des publicités illégales sur les réseaux sociaux démontre que, malgré un arsenal législatif solide, la lutte contre le jeu illégal reste un combat permanent, nécessitant une coopération renforcée entre autorités nationales, plateformes numériques et instances européennes.