Les jeux à gratter aussi dangereux que les jeux du secteur privé
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Les jeux à gratter aussi dangereux que les jeux du casino

vendredi 10 Mars 2023

Commission des Jeux de Hasard

Le secteur des jeux d'argent en Belgique vient de connaitre un bouleversement sans précédent. La loi sur l'interdiction de la pub a en effet été adoptée en première lecture. Ce texte vise à limiter les marges de manœuvre des opérateurs privés pour la promotion de leurs produits afin de réduire les risques d'assuétude. Il a suscité de nombreuses controverses notamment pour son approche vis-à-vis des produits de la Loterie nationale. Cette exception s'explique par le caractère peu dangereux de ces derniers par rapport aux jeux du privé. L'association BAGO vient cependant de publier une étude qui démontre que les jeux de grattage ont le même potentiel addictif que les machines à sous ou les paris.

Les produits Woohoo épinglés par les opérateurs du privé

Le gouvernement a multiplié ces dernières années les actions restrictives contre les opérateurs du privé afin de mieux protéger les joueurs. Il s'est toutefois montré très clément par rapport à la Loterie nationale. Cette différence de traitement s'expliquerait par le caractère peu addictif des jeux proposés par l'opérateur d'État. La Commission des jeux de hasard a toutefois publié un rapport dans lequel elle dresse des parallèles entre les produits Woohoo et ceux du privé. Selon le régulateur, ces jeux de grattage instantanés utilisent les mêmes codes et possèdent donc un potentiel addictif similaire.

Les opérateurs privés, réunis sous BAGO, ont rejoint la Commission des jeux de hasard et ont décidé de vérifier le niveau de dangerosité des produits Woohoo via une étude. Celle-ci a été confiée à Michael Auer, docteur en psychologie et statisticien spécialisé dans le secteur des jeux. Pour mener ses travaux à bien, il a repris une méthode d'évaluation déjà définie et utilisée aux Pays-Bas en 2017. À noter que BAGO a tenu à régler la problématique du biais de financement par la dénonciation du comportement du gouvernement fédéral. Celui-ci avait en effet annoncé en 2020 qu'il réaliserait une évaluation de sa politique des jeux avant de prendre de nouvelles initiatives régulatrices. Il a toutefois adopté l'approche inverse pour sa loi sur la publicité en renforçant d'abord le cadre législatif.

Aucun jeu de hasard n'est sans risque

L'étude menée par Michael Auer s'est basée sur dix facteurs de risque pour chaque type de jeu. Ceux-ci incluent notamment la fréquence de jeu, l'intervalle de paiement, la présence d'un jackpot et l'accessibilité. Différents niveaux de pondération ont également été pris en compte. Les résultats montrent que les jeux Woohoo ne méritent pas leur statut. Ils arrivent en effet juste derrière les machines à sous en termes de potentiel addictif. Ils sont même devant les cartes à gratter et les jeux de dés. Les paris en librairies, les bingos et les jeux de loterie ferment le classement. L'auteur de l'étude tient toutefois à relativiser en indiquant que d'autres variables sont à prendre en compte. Il note cependant que ces résultats donnent une base intéressante qui permet d'éluder le statut particulier des jeux de la Loterie. Selon lui, aucun produit n'est sans danger pour le joueur. Les jeux en ligne sont toutefois plus addictifs par rapport à ceux dits « physiques ».

À noter qu'au moment de la publication des résultats de cette étude, la Loterie nationale se prépare à passer devant les tribunaux. Un libraire vient en effet d'attaquer l'opérateur d'État suite à sa décision de modifier son taux de commission. Celui-ci souhaite baisser la part des libraires de 6 % à 4,5 % sauf s'ils redirigent leurs clients vers les jeux Woohoo.

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Notre note : 9.4/10
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