vendredi 15 Décembre 2023
La Commission des jeux de hasard vient de publier son rapport annuel. Celui-ci regroupe l'ensemble des données relatives à l'activité sur 2022 et 2023. Il montre notamment une hausse du bénéfice brut de 23,89 % pour près d'1,5 milliard d'euros, un record. Il laisse cependant transparaitre les signes d'un ralentissement imminent surtout avec l'arrivée de la nouvelle taxe imaginée par le gouvernement.
Ça y est, la Commission des jeux de hasard a publié son rapport annuel pour l'année 2022. Celui-ci nous livre une vue à 360° de l'état du marché et un aperçu de son potentiel avenir. Sur l'exercice 2022, le secteur des jeux d'argent a répertorié 174 salles de jeux automatiques, 5 137 cafés, 1 580 librairies, 535 agences de paris et 9 casinos. Il compte également 83 plateformes digitales. Il a réalisé un bénéfice brut de 1,45 milliard d'euros, soit une hausse de 23,89 % par rapport à 2021. Le digital a contribué à 54,87 % soit 800 millions contre 45,13 % soit 658 millions pour le hors ligne. Le nombre de joueurs actifs quant à lui devrait se stabiliser à 149 858 pour 2023. Si tous ces chiffres laissent penser que le marché est encore plein de potentiel, il convient de les relativiser. Plusieurs données secondaires laissent en effet penser que le secteur des jeux n'est pas aussi en forme qu'il n'y parait.
Si le bénéfice brut a progressé pour atteindre un montant record en 2022, il faut noter que le marché en ligne n'affiche que 2,59 % de progression par rapport à l'exercice précédent. Si un ralentissement était prévu par la Commission des jeux de hasard, Magali Clavie a admis avoir été surprise par son ampleur. La hausse du marché en ligne était en effet surtout due au COVID et à la fermeture des établissements physiques. Avec la réouverture, il était évident qu'elle n'allait pas durer. La tendance actuelle inquiète cependant le régulateur qui se dit surpris de voir le digital stagner. Cela ne devrait d'ailleurs pas aller en s'arrangeant avec l'interdiction de la publicité effective depuis le 1er juillet.
Une autre information inquiétante sur les chiffres de 2022, c'est le nombre de joueurs. En ligne, celui-ci n'a en effet progressé que de 3 % sur l'exercice 2021/2022 et de 6 % sur 2022/2023. En 2021 d'ailleurs, 200 000 joueurs avaient été enregistrés. Pour 2023, le chiffre devrait se stabiliser à 170 000. Selon Magali Clavie, cette tendance s'explique par la concurrence déloyale du marché illégal. 30 % des jeunes joueraient en effet sur ces plateformes. Enfin, le marché physique connait également son lot de problèmes naissants. Le segment des paris a par exemple accusé une baisse vertigineuse de 25 % entre 2021 et 2022. Les bingos et les jeux de cafés, de leur côté, ont juste retrouvé leur niveau d'avant-covid.
Le rapport publié par la CJH contient donc son lot d'informations controversées qui risquent d'accentuer encore plus le fossé entre les opérateurs et le gouvernement. Ce dernier y verra en effet un prétexte pour justifier ses mesures sans tenir compte des problèmes sous-jacents. L'attention sera surement centrée sur le bénéfice net qui malheureusement n'est pas représentatif de l'état réel du marché. Les autres chiffres contenus dans ce rapport montrent en effet que la crise potentielle crainte par les opérateurs pourrait rapidement devenir une réalité. En 2024, le gouvernement a en effet prévu une nouvelle taxe qui va faire perdre plusieurs millions aux opérateurs. Le casino de Bruxelles, par exemple, a évalué l'impact de cette nouvelle obligation fiscale à 2,4 millions d'euros. Enfin, il faut insister sur le fait que les chiffres sur le bénéfice ne portent que sur 2022. Les résultats de 2023 ne seront pas connus avant l'année prochaine, quand il sera déjà trop tard pour revoir les mesures prises par le gouvernement.