vendredi 31 Octobre 2025
Dans sa réaction au rapport annuel 2024 de la Commission des Jeux de Hasard, l'association BAGO, qui regroupe les principaux opérateurs agréés en Belgique, souligne la nécessité d'une régulation cohérente, équilibrée et applicable. Le secteur dit partager le diagnostic de la CJH : manque de moyens, flou juridique et prolifération du jeu illégal appellent une réforme pragmatique et un dialogue renforcé.
Le rapport 2024 de la Commission des Jeux de Hasard (CJH), publié fin août 2025, a eu l'effet d'un électrochoc dans le secteur. Sous-effectif chronique, incertitudes juridiques, législation complexe et multiplication des recours : la présidente Magali Clavie y dépeint un régulateur sous pression, en quête d'autonomie et de clarté.
BAGO (Belgian Association of Gaming Operators), la fédération des opérateurs agréés (BetFirst, Golden Palace, Unibet, Napoleon, Bingoal, StarCasino, etc.), dit prendre acte du document et partager plusieurs constats essentiels. Pour le secteur, la CJH a besoin d'une structure renforcée et d'un cadre réglementaire réaliste et durable.
« Ce rapport souligne l'importance d'une autorité forte, bien dotée en personnel et indépendante », indique BAGO.
« Ces conditions sont essentielles pour garantir un marché des jeux de hasard sain et sûr. »
L'association rappelle que l'objectif commun doit rester la protection des joueurs via l'offre légale, et non l'empilement de restrictions mal calibrées. BAGO espère que la réforme institutionnelle annoncée - qui prévoit le transfert de la CJH sous la tutelle du ministre de l'Économie - permettra de moderniser la régulation et d'en améliorer l'efficacité.
« Nous espérons que la réforme annoncée de la Commission, combinée à une mise à jour équilibrée de la législation, apportera davantage de clarté, de cohérence et d'efficacité dans la politique publique », déclare Tom De Clercq, président de BAGO.
Selon lui, une régulation efficace ne peut se faire qu'à travers un dialogue permanent entre le régulateur, les pouvoirs publics et les opérateurs agréés.
BAGO se montre particulièrement préoccupé par la croissance continue du jeu illégal, un phénomène que la CJH a également mis en lumière dans son rapport. En 2024, la Commission a ajouté 105 sites non autorisés à sa liste noire, un record. Le problème, souligne BAGO, est que le durcissement de la législation pour les opérateurs légaux ne freine pas le jeu illégal, au contraire.
« Les joueurs qui s'adressent à des opérateurs non agréés perdent toute protection », rappelle Emmanuel Mewissen, vice-président de BAGO.
« Renforcer les contraintes sur les acteurs légaux ne résoudra pas ce problème. Seule une application rigoureuse des règles et une coopération renforcée permettront de protéger les joueurs. »
Le groupement demande donc de concentrer les efforts sur la canalisation - c'est-à-dire sur le maintien des joueurs dans le circuit légal - et sur une lutte coordonnée contre les opérateurs étrangers illégaux.
BAGO plaide pour une approche fondée sur les faits (evidence-based policy), reprenant le ton pragmatique qu'il défend depuis plusieurs années dans le débat sur la publicité ou les bonus. L'association estime qu'une régulation efficace doit reposer sur les comportements réels des joueurs, les données de la CJH et du SPF Économie, et non sur des positions morales ou symboliques.
L'objectif, selon BAGO, n'est pas d'assouplir la loi mais de la rendre applicable et mesurable, afin d'éviter que les mesures restrictives ne poussent les joueurs vers des sites non autorisés.
Ce communiqué s'inscrit dans une série de prises de position publiques du secteur depuis 2023, notamment après l'entrée en vigueur de l'arrêté royal sur la publicité et de la loi interdisant les bonus.
BAGO prône un dialogue constructif avec la CJH pour corriger les effets pervers de certaines règles, tout en reconnaissant le rôle central du régulateur.
« Nous partageons la même finalité que la CJH : protéger les joueurs et garantir un environnement contrôlé », conclut Tom De Clercq.
« Mais pour y parvenir, il faut des règles claires, cohérentes et applicables. »
Le communiqué de BAGO confirme un alignement de fond avec la CJH sur les enjeux structurels :
La balle est désormais dans le camp du nouveau gouvernement fédéral, appelé à traduire dans les faits cette exigence de réalisme réglementaire et à doter la Commission des Jeux de Hasard des moyens qui lui manquent depuis trop longtemps.