mercredi 10 Janvier 2024
La Belgique entretient une relation particulière avec le monde des jeux d'argent depuis toujours. C'est en effet sur le territoire belge que se trouve le plus vieux casino du monde. Ouvert en 1762, le casino de Spa fait partie des monuments historiques du pays et de l'industrie. La Belgique est également le lieu de naissance des loteries modernes. Aujourd'hui, malheureusement, les fleurs ont fané et la passion s'est estompée pour laisser place à une entente cordiale de plus en plus toxique avec une menace grandissante planant autour, celle des jeux illégaux.
Le monde des jeux, aussi bien virtuel que réel, a toujours entretenu une relation de proximité avec le milieu criminel. Addiction et blanchiment d'argent sont en effet des maux presque indissociables des machines à sous et des paris. D'ailleurs, même les plus gros opérateurs ne sont pas à l'abri. Le groupe Entain par exemple a été condamné à une amende record de 17 millions de livres par le régulateur britannique pour manquements aux contrôles réglementaires contre le blanchiment d'argent et l'addiction. La Commission lui reproche d'avoir autorisé certains joueurs à déposer jusqu'à 742 000 livres en 14 mois sans effectuer le moindre contrôle. Il est pourtant un des acteurs les plus prolifiques avec un chiffre d'affaires de plus de 16 milliards de livre et 15 000 collaborateurs à travers le monde. Le groupe exploite également une multitude de marques dans le monde dont Ladbrokes et Bwin en Belgique ou Betcity.nl aux Pays-Bas. À noter toutefois qu'elle n'intervient pas directement dans la gestion de celles-ci. En Belgique, c'est la société Derby qui gère Ladbrokes et Leader bet N.V. pour bwin.be. Celles-ci ont toujours affirmé leurs volontés d'agir selon une éthique commerciale stricte.
Pour lutter contre les risques liés aux jeux, l'une des meilleures options est de canaliser l'offre. Avec une régulation stricte, il devient en effet possible de réguler l'activité, de contrôler chaque opérateur et de prévenir les dérives. C'est d'ailleurs le choix adopté par la Belgique avec la loi de 1999 qui encadre les jeux d'argent. Malheureusement, la législation est aujourd'hui dépassée et inadaptée aux réalités apportées par le virtuel. Les outils en place ne permettent plus de contrôler l'offre illégale. À l'heure actuelle, les joueurs belges auraient d'ailleurs accès à plus de 1 000 sites étrangers pour jouer. Pour l'Upap, l'Union professionnelle des agences de paris, il est impératif de revoir les textes qui régulent le secteur des jeux. Un dialogue avec les acteurs s'impose cependant pour mettre en place une régulation qui protège les joueurs tout en permettant au marché de se développer. L'Upap déplore en effet les décisions unilatérales prises par le gouvernement pour juguler toujours plus l'offre légale avec notamment l'interdiction de la publicité pour les jeux d'argent. Un autre projet de loi vise également à taxer les mises. Le rapport sur lequel il se base comporte cependant des erreurs puisqu'il table sur une potentielle manne fiscale de 1,25 milliard d'euros, une vision irréaliste selon le secteur. « Tant que le gouvernement ignorera volontairement les différents acteurs du secteur et évitera toute forme de dialogue avec eux, les réglementations risquent de ne pas être aussi efficaces qu'ils le souhaiteraient. », conclut l'Upap