mardi 28 Juin 2022
Le débat sur le lien entre la publicité pour les jeux et l'addiction vient de prendre une nouvelle tournure. La Commission des jeux de hasard a en effet publié les résultats du secteur pour l'année 2020. Les Belges auraient misé plus de 18,74 milliards sur la période. D'après les estimations, ce chiffre dépasserait les 21 milliards en 2021. Pour une partie des observateurs, ces données reflètent une réalité inquiétante sur la place prise par les jeux d'argent.
La Commission des jeux de hasard a récemment publié son rapport d'activité pour l'année 2020. Dans ce document, elle y dévoile un chiffre encore inédit, celui des mises placées par les joueurs. Celles-ci s'élèveraient à 18,74 milliards d'euros ce qui constitue un record. Pour rappel, en 2019, les mises chez les opérateurs privés s'élevaient à environ 10 milliards d'euros. Les chiffres seraient cependant plus inquiétants en 2021 avec un total de 21,5 milliards d'euros. À noter qu'il s'agit d'estimations basées sur les recettes fiscales enregistrées par les Régions.
Les jeux de casino sont toujours les plus populaires. En 2020, 8,75 milliards d'euros ont été misés sur ce secteur, dont 89 % en ligne. Pour rappel, ces jeux affichent un taux de redistribution de 96 %. Il s'agit du pourcentage rendu aux joueurs. Concrètement, sur une mise de 100 euros, 96 euros sont redistribués via des gains de diverses valeurs. Le taux de redistribution élevé figure parmi les moteurs du succès des jeux de casino.
D'après les détracteurs du secteur, il sera la conséquence directe de la politique de taxation appliquée pour les opérateurs privés. Celle-ci leur offrirait plus de liberté. À noter qu'en Belgique, le taux de taxation est de 11 %. À titre de comparaison, il est de 33 % aux Pays-Bas. Toujours selon les détracteurs, le taux de redistribution élevé serait un des facteurs du risque croissant d'addiction chez les joueurs.
Enfin, les données présentées par la Commission des jeux de hasard mettent en exergue une nette augmentation de l'offre en ligne par rapport au marché physique. En 2016, les deux secteurs étaient à plus ou moins 50 %. En 2020, cependant, le digital représentait 63 % de l'industrie. Les mises dans le marché en dur ont quant à elles été divisées par deux. Cette tendance s'expliquerait par les effets du covid, dont la fermeture des casinos.
Les chiffres présentés par la Commission des jeux de hasard relancent le débat sur la publicité. Le ministre de la Justice prépare en effet un projet de loi afin d'interdire toutes formes de promotion pour les jeux d'argent. Le projet soulève diverses controverses notamment auprès des opérateurs privés, mais également du côté des élus et des fédérations sportives. Ils demandent une concertation afin de trouver des solutions alternatives pour renforcer les dispositifs. Ils se disent en revanche contre l'interdiction, car cela serait une porte ouverte pour le marché illégal plus agressif et plus libre. De leur côté, les partisans du ministre tirent la sonnette d'alarme en se basant sur l'augmentation constante des interdits de jeu, 40.023 en 2021, et des mises jouées par les joueurs par semaine. À noter que celles-ci seraient équivalentes au salaire médian belge.