mercredi 16 Août 2023
Comme prévu, les premières retombées de l'interdiction de la publicité pour les jeux sont catastrophiques. Le secteur aurait en effet enregistré une augmentation inquiétante des sites illégaux. Selon Emmanuel Mewissen, CEO d'Ardent Group et vice-président de BAGO, les opérateurs étrangers profitent de l'inquiétude et du désordre provoqués par le changement de réglementation pour mener une offensive et toucher un maximum de joueurs. Il continue d'ailleurs d'appeler le gouvernement au dialogue afin de trouver un consensus salvateur.
Le 8 mars, le moniteur belge publiait un arrêté royal visant à interdire la publicité pour les jeux d'argent. Le texte est entré en vigueur le 1er juillet et prévoit une série de limitations pour les opérateurs à l'exception de la Loterie nationale. À noter qu'il a été porté par le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne dans l'objectif de protéger les citoyens belges contre les dangers du jeu. L'idée est de limiter l'exposition aux campagnes commerciales qui pourraient initier un désir d'essayer les paris ou les casinos en particulier chez les jeunes. En théorie, le projet était tout à fait pertinent et d'actualité. Malheureusement, l'exécution a été catastrophique. Le texte vise en effet la disparition de la publicité et du sponsoring. De plus, il a été rédigé sans consultation au préalable auprès des opérateurs ou du régulateur.
L'interdiction de la pub a suscité de vives réactions dans l'industrie. Les opérateurs privés se sont en effet sentis lésés surtout par rapport à la Loterie nationale qui échappe à toute forme de limitation malgré le danger représenté par ses jeux. Ils évaluent d'ailleurs à 550 millions d'euros leurs pertes sur les 5 prochaines années. Ils critiquent également le manque de dialogue avec le gouvernement. Celui-ci n'a en effet ni consulté les opérateurs, ni les associations, ni le régulateur. Aujourd'hui, l'interdiction est effective et limite la marge de manœuvre des casinos et des bookmakers pour assurer leur visibilité. Le texte interdit en effet toutes les formes de publicité ainsi que le sponsoring. Pour sauver les meubles, les opérateurs sont obligés de compter sur l'interprétation et les zones d'ombre. « On est autorisé à informer sur nos services, mais la frontière est parfois ténue avec la publicité », indique Emmanuel Mewissen. Il rapporte d'ailleurs avoir reçu un courrier lui demandant de retirer un panneau routier indiquant la présence d'un casino.
Aujourd'hui, les opérateurs privés multiplient les recours auprès des diverses instances afin de faire annuler ou du moins suspendre l'arrêté royal. Malheureusement, le délai de traitement est estimé à 18 mois au minimum pour avoir une réponse. De plus, seuls les préjudices graves pourront être prisés en compte et les pertes financières ne sont pas considérées en tant que tel. L'heure est pourtant grâce d'après Emmanuel Mewissen. Le secteur observerait en effet une augmentation des sites illégaux. Ce phénomène serait cyclique selon lui et arriverait à chaque changement de réglementation. Cette fois-ci, cependant, il est plus dangereux, car les opérateurs privés ne peuvent pas contre-attaquer. Le secteur appelle donc le gouvernement au dialogue afin de trouver un terrain d'entente. À noter d'ailleurs que celui-ci a toujours été d'accord avec la nécessité de mieux contrôler la publicité afin de protéger les joueurs. Cette position est partagée par le régulateur qui souhaite ouvrir le dialogue entre les diverses parties.