vendredi 6 Mars 2020
Depuis le 1er mars, les casinos et les bookmakers n'ont plus le droit de proposer des bonus à leurs joueurs. La décision a été prise par le Conseil d'État suite à une plainte de la société Fremoluc. Elle vise à supprimer la concurrence déloyale qui existait entre les opérateurs en ligne et ceux qui opèrent sur le marché physique. Elle a été avalisée par la Commission des jeux de hasard afin de lutter plus efficacement contre l'addiction. Cette situation risque cependant de favoriser le secteur illégal.
L'industrie des jeux d'argent a connu un bouleversement en Belgique. Le Conseil d'État a en effet modifié la loi du 21 décembre 2018 afin d'étendre l'interdiction des bonus aux opérateurs en ligne. Depuis le 1er mars, les casinos et les bookmakers ont donc supprimé l'intégralité de leurs bonus et autre offres promotionnelles. Désormais, les joueurs ne pourront plus recevoir de freebet, de cashback ou de bonus de dépôt. Ce chamboulement a été provoqué par la société Fremoloc, une filiale de Rocoluc. Elle exploite des établissements horeca en Belgique et elle jugeait la loi discriminante. Pour rappel, elle ne concernait que le marché physique. L'interdiction des bonus a bien entendu suscité différentes réactions. Le psychologue François Mertens, par exemple, y voit un pas en avant dans la lutte contre l'addiction. Dans une interview accordée au journal lavenir.net, il affirme que les bonus entraînent une augmentation du risque de jeu compulsif.
Ce point de vue n'est cependant pas partagé par le CEO du groupe Ardent (Casino Circus), Emmanuel Mewissen. Dans une tribune accordée au journal lavenir.net, il évoque également la situation. D'après lui, la suppression des bonus va affaiblir le marché légal et favoriser les opérateurs étrangers. Ces derniers ne sont en effet pas soumis aux mêmes contraintes, en terme de protection des joueurs (système EPIS) et de fiscalité. Ils peuvent donc, par exemple, proposer des bonus multiples sur le premier dépôt qui peuvent aller jusqu'à 5.000 dollars à des joueurs interdits de casino. Il tire donc le signal d'alarme et invite les autorités à s'asseoir autour d'une table pour des négociations avec les établissements de jeux en ligne. Pour cet opérateur, la clé réside dans une balance entre la protection des joueurs et le renforcement du secteur légal. Il propose aussi l'implication du secteur médical et scientifique dans le débat.
Bien que la fréquence ait nettement diminué depuis quelques mois, la dernière sanction date du mois de mars 2019, la Commission des Jeux de Hasard ajoute régulièrement sur sa liste noire les adresses des casinos ou bookmakers offrant des jeux aux belges illégalement, car ne disposant pas de licence A+ ou F1+.
Il est également nécessaire de faire un rappel de la loi. Conformément à l'article 4, §1 et §2 de la Loi sur les jeux de hasard belge, il est interdit à quiconque de participer à un jeu de hasard illégal, d'en faciliter l'exploitation ou d'en faire la publicité.