lundi 3 Octobre 2022
Le patron du Pokhanights à Anvers a lancé l'alerte cette semaine. Selon lui, les parties de poker clandestines sont de plus en plus nombreuses et échappent à tout contrôle. Elles feraient de l'ombre à son activité tout en mettant en danger l'intégrité du secteur. L'appel n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd puisque la Commission des jeux de hasard a immédiatement réagi par l'intermédiaire du commissaire Christophe Widar. Il a admis l'importance du phénomène, mais a également insisté sur la difficulté d'organiser des interventions et les facettes cachées de ce marché illégal.
Entre 2018 et 2021, la police a neutralisé 25 réunions de poker clandestines avec saisie et arrestations des organisateurs ainsi que des joueurs. Kristof Dedeken, patron du Pokhanights à Anvers estime toutefois que le phénomène est bien plus important. Selon lui : « À dix kilomètres à la ronde autour de mon club, il y a en, je vous le garantis, une dizaine ». Il lance un appel à direction du régulateur pour que des mesures soient prises afin de lutter plus efficacement contre ce fléau.
Le commissaire Christophe Widar, policier attaché à la Commission des jeux de hasard, a réagi en mettant à jour les difficultés rencontrées par ses équipes. D'après lui, l'un des principaux blocages réside dans la lourdeur des préparatifs. Pour organiser une intervention, il faut en effet un mandat officiel et mobiliser 15 agents de la police judiciaire pendant toute une nuit. De plus, il y a toujours le risque d'un résultat négatif. « Il faut qu'il y ait flagrant délit. Or, ils changent tout le temps d'endroit (...) Lorsque des informations nous parviennent, le temps de préparer l'opération, ils sont ailleurs ».
L'autre difficulté à laquelle sont confortés les policiers, c'est l'exécution de l'intervention. Les organisateurs de parties clandestines font en effet preuve de beaucoup de vigilance. Ils gardent les lieux de rendez-vous secrets en communiquant uniquement via SMS ou en organisant des transferts depuis un autre endroit. Ils engagent également des gardiens qui repèrent ou ralentissent les policiers et utilisent des caméras de surveillance. Enfin, le commissaire Christophe Widar indique que ces soirées peuvent se révéler dangereuses pour ses équipes. Elles réunissent en effet des criminels notoires, dont certains sont connus pour des faits de trafic de drogues ou d'armes, de coups et blessures ou de meurtre.
Selon le commissaire Christophe Widar, les parties de poker clandestines sont le théâtre d'un business nauséabond qui mêle racket, endettement, intimidation et arnaque. Les organisateurs repéreraient leurs cibles dans les casinos et les abordent discrètement pour leur proposer une soirée. Une fois sur place, elles se font dépouillées puisqu'elles se retrouvent à jouer contre un groupe de complices. Le commissaire Christophe Widar révèle également que les joueurs se voient proposer des crédits à des taux exorbitants pour continuer à jouer. Quant aux chanceux qui parviennent à toucher le gros lot, ils sont victimes d'un hold-up par des complices des organisateurs quelques jours plus tard. À noter que les sommes jouées dans ces parties sont importantes et atteignent régulièrement la barre des 20 000 ou 30 000 euros.
Enfin, le commissaire Christophe Widar a indiqué que les organisateurs de ces parties clandestines étaient notamment des gérants de café. Ils prennent un pourcentage sur chaque main ou sur le total misé par les joueurs. En cas d'arrestation, ils risquent entre 6 mois et 5 ans de prison ou une amende. Les participants aux soirées quant à eux peuvent encourir 1 mois à 3 ans de prison ou se voir condamner à une amende.
Source : DH