190.000 € détournés pour jouer : un greffier devant le tribunal, l'affaire interroge l'absence d'exclusion professionnelle des jeux
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Détournement de 190.000 € à la justice de paix de Jette : un greffier en aveu face à l'addiction au jeu et à une faille du système

mardi 25 Novembre 2025

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Un employé du greffe de la justice de paix de Jette a reconnu avoir détourné 190.000 € pour financer une addiction grave aux jeux de hasard. Le parquet bruxellois requiert une peine de 3 à 5 ans de prison et le remboursement intégral des fonds. Cette affaire, d'une gravité exceptionnelle selon le procureur du Roi, soulève une question sensible : pourquoi les greffiers ne sont-ils pas exclus d'office de l'accès aux jeux de hasard, contrairement à d'autres professions du secteur judiciaire ?

Un greffier détourne 190.000 € pour jouer : 3 à 5 ans de prison requis

Les faits ont été détaillés vendredi devant la chambre 67bis du tribunal correctionnel de Bruxelles. Le procureur du Roi, Julien Moinil, a requis une peine de 3 à 5 ans de prison à l'encontre d'un employé du greffe de la justice de paix de Jette, qui a reconnu avoir détourné 190.000 € entre 2019 et 2024.

Les fonds ont été prélevés directement sur le compte du greffe, au fil de prélèvements réguliers destinés à financer une addiction aux jeux de hasard. Le prévenu a admis sa culpabilité totale, tant sur les montants que sur la période infractionnelle.

Une "descente aux enfers du jeu"

À la barre, l'homme a expliqué qu'il jouait avant même de commencer à détourner des fonds, mais que les pertes successives ont progressivement aggravé son comportement. Son avocate, Me Nathalie Gallant, a évoqué une véritable "descente aux enfers du jeu" et insisté sur le fait que "le jeu est une addiction comme les stupéfiants".

Selon elle, son client est aujourd'hui "honteux au possible", d'autant que ces faits interviennent dans un contexte de sous-financement structurel du pouvoir judiciaire.

"Une atteinte à l'image et à la dignité de la Justice"

Le procureur du Roi n'a pas masqué sa sévérité : "Les faits sont d'une gravité exceptionnelle. Monsieur porte atteinte à l'image et à la dignité de la Justice."
Il a rappelé que la magistrature avait encore manifesté le 14 novembre pour réclamer un refinancement urgent.

Le parquet réclame également :

  • le remboursement intégral des 190.000 €, au bénéfice du greffe de Jette, aujourd'hui en manque de moyens pour payer ses greffiers ;
  • un suivi médical obligatoire pour son addiction ;
  • l'obligation de rechercher un emploi en dehors de la fonction publique.

L'affaire met en lumière une faille : l'accès des greffiers aux jeux de hasard

L'un des aspects les plus interpellants du dossier n'est pas seulement pénal, mais réglementaire.

En Belgique, certaines professions sont automatiquement interdites d'accès aux casinos, salles de jeux et plateformes de jeux en ligne sous licence, via EPIS, le système d'exclusion contrôlant les entrées. Ces professions sont :

  • les magistrats
  • les notaires
  • les huissiers de justice
  • les membres des services de police (y compris le personnel CALOG)

Cette exclusion professionnelle vise à protéger l'intégrité de fonctions sensibles exposées à des risques financiers ou décisionnels.

Les greffiers ne sont pas concernés

Contrairement à ces professions, les greffiers ne sont pas exclus d'office de l'accès aux jeux de hasard. Ils ne sont pas enregistrés automatiquement dans EPIS et peuvent donc :

  • entrer dans un casino physique ;
  • jouer dans une salle de jeux de classe II ;
  • ouvrir un compte sur un casino en ligne agréé.

Seule une exclusion volontaire, une décision judiciaire ou une intervention de la Commission des Jeux de Hasard (CJH) peut leur interdire l'accès.

Une incohérence qui interroge le monde judiciaire

Cette affaire de Jette révèle une zone grise réglementaire. Les greffiers, pourtant responsables de la gestion administrative et financière de nombreux dossiers judiciaires, manipulent des fonds publics sensibles, parfois bien plus importants que ceux en jeu dans les fonctions déjà exclues. Pourtant, aucune barrière professionnelle ne limite leur accès aux jeux.

Le prévenu de Jette a ainsi pu alimenter librement son addiction pendant des années, sans qu'EPIS ne puisse l'empêcher d'accéder aux jeux.

Face à ce constat, plusieurs questions émergent :

  • Faut-il élargir la liste des professions automatiquement exclues des jeux ?
  • Le cadre EPIS doit-il être adapté pour les métiers manipulant des fonds publics ?
  • Comment prévenir ce type de dérives sans stigmatiser une profession déjà sous pression ?

Vers une réflexion plus large sur la prévention ?

Au-delà de la sanction pénale, cette affaire pourrait ouvrir un débat au sein du pouvoir judiciaire et de la Commission des Jeux de Hasard (CJH). L'enjeu est double :

  • protéger les professionnels exposés à un risque d'addiction ;
  • protéger l'intégrité des institutions et des fonds publics.

Le jugement à venir dans cette affaire sera scruté avec attention, mais la question de fond - celle de l'accès des greffiers aux jeux de hasard - pourrait bien s'imposer comme un chantier réglementaire incontournable.

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Notre note : 9.5/10
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