samedi 22 Novembre 2025
Dans une interview accordée à SudInfo, Magali Clavie, présidente de la Commission des Jeux de Hasard (CJH), expose un manque criant de moyens humains et une législation dépassée, au moment où les opérateurs illégaux prolifèrent sur les réseaux sociaux. Une situation qu'elle juge dangereuse pour les 600.000 joueurs en ligne actifs en Belgique.
Dans une interview publiée par SudInfo, Magali Clavie, présidente de la Commission des Jeux de Hasard (CJH), dresse un constat particulièrement préoccupant de la situation du régulateur belge. Entre explosion du jeu en ligne, multiplication des opérateurs illégaux et absence d'évolution législative, la CJH peine de plus en plus à remplir sa mission de protection des joueurs.
Pour Magali Clavie, la situation est simple : la Commission fonctionne « comme à la préhistoire ».
Malgré une croissance massive du jeu en ligne, les moyens humains de la CJH n'ont jamais réellement suivi.
La présidente rappelle les chiffres :
Ce sous-effectif chronique limite sévèrement les capacités d'action du régulateur face à un secteur en constante évolution.
La CJH ne parvient plus à assurer une surveillance complète du marché légal :
Seule priorité maintenue coûte que coûte :
Mais selon la présidente, « un régulateur fort est un régulateur qui protège bien. Ce n'est plus le cas ».
Les opérateurs non licenciés représentent aujourd'hui la menace la plus directe. Magali Clavie insiste : ces sites illégaux sont un « fléau » pour les joueurs puisque :
La CJH ne peut pas intervenir pour récupérer l'argent volé aux joueurs.
Pire : ces plateformes exploitent massivement la publicité sponsorisée sur les réseaux sociaux, interdite en Belgique, mais extrêmement efficace pour attirer les joueurs en quête de bonus faciles.
Magali Clavie explique bénéficier d'un canal direct avec Meta pour faire retirer les publicités frauduleuses.
Le volume est colossal :
7.000 publicités sponsorisées illégales dénoncées cette année.
Cette stratégie vise à couper le problème « à la source », en empêchant l'exposition des joueurs à ces opérateurs.
À ce jour, la liste noire de la CJH compte environ 700 sites interdits, avec un phénomène hydre : un site ferme, un autre rouvre aussitôt.
La présidente rappelle également plusieurs chiffres importants sur le marché belge :
Le détail de ces chiffres sont à retrouve dans le rapport 2024 de la Commission des Jeux de Hasard.
Contrairement à certaines idées reçues, la CJH ne dépend pas du budget de l'État : elle est financée par un fonds alimenté par les opérateurs légaux.
Aujourd'hui, le blocage principal se situe au niveau du recrutement. Même si les moyens financiers existent, les embauches dépendent du SPF Justice, déjà submergé.
Le transfert de la CJH vers le SPF Économie, prévu en janvier prochain, représente pour Magali Clavie une opportunité majeure de relancer la modernisation du régulateur.
« Nous sommes motivés et avons plein d'idées. Il ne manque que les moyens et une réglementation adaptée », insiste-t-elle.