vendredi 17 Novembre 2023
L'intelligence artificielle s'invite dans la lutte contre l'addiction aux jeux de hasard en Belgique, avec une initiative pionnière de Gaming1, un acteur majeur du secteur. Cette avancée, qui s'inscrit dans une démarche de jeu responsable, soulève à la fois espoir et prudence.
Gaming1 a développé un logiciel utilisant l'intelligence artificielle pour analyser le comportement des joueurs. Cette technologie permet de détecter les joueurs présentant un comportement à risque et d'intervenir de manière préventive. L'entreprise classe les utilisateurs sur une échelle de risque et communique avec eux pour encourager la modération. Des mesures de protection individualisées, telles que la limitation des mises, sont également mises en place.
La collaboration entre Gaming1 (Casino777, Circus, ...) et l'Université Libre de Bruxelles (ULB), sous la direction du chercheur et professeur spécialisé dans les addictions, Xavier Noël, est au cœur de cette initiative. L'analyse scientifique de millions de données comportementales a permis de développer et d'affiner le logiciel de Gaming1. Cette approche vise à mieux comprendre et anticiper les mécanismes menant à l'addiction.
L'importance de cette initiative est soulignée par les chiffres de Sciensano, indiquant qu'en Belgique, un tiers de la population joue moins de 40€ par semaine à des jeux payants, tandis que 85.000 sont considérés comme des joueurs à risque. La détection précoce des comportements problématiques est donc cruciale pour prévenir l'escalade vers l'addiction.
Bien que cette technologie offre un potentiel significatif pour le jeu responsable, elle ne remplace pas l'importance de l'intervention humaine et de l'éducation. La Commission des jeux de hasard de Belgique voit d'un bon œil ces avancées, tout en restant prudente. Il est souligné que les opérateurs doivent passer d'une obligation de moyens à une obligation de résultat pour protéger efficacement les joueurs.
Certains experts expriment des réserves sur l'efficacité de telles mesures, arguant que les joueurs les plus problématiques génèrent la majorité des revenus des opérateurs. Ils soulignent également que, malgré les messages préventifs, les individus enclins au jeu continueront probablement de jouer, sauf si des contraintes plus strictes sont imposées.
L'expérience de Gaming1 et de l'ULB pourrait servir de modèle pour l'ensemble du secteur des jeux en ligne. L'idée est de présenter cette expérience à la Commission des jeux de hasard pour encourager une adaptation de la législation, en veillant à ce que les opérateurs agissent dans l'intérêt des joueurs et non uniquement dans une perspective commerciale.
En conclusion, l'initiative de Gaming1, en partenariat avec l'ULB, marque un pas important dans la lutte contre l'addiction aux jeux de hasard en Belgique. Toutefois, pour que cette approche soit pleinement efficace, une collaboration étroite entre les opérateurs, les chercheurs et les régulateurs est essentielle, de même qu'une réflexion approfondie sur les enjeux éthiques et pratiques liés à l'utilisation des big data dans ce domaine.