vendredi 18 Novembre 2022
Le secteur des jeux en Belgique se trouve à un tournant de son histoire. Celui-ci vit en effet une crise profonde qui pourrait provoquer la disparition d'une partie des opérateurs légaux. Les banques ont adopté une nouvelle politique suite à la promulgation de la loi belge pour la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Depuis, elles ferment progressivement tous les comptes liés au secteur du jeu et vont jusqu'à bannir les opérateurs. Ceux-ci se retrouvent démunis face à l'impossibilité d'effectuer des transactions financières transparentes, légales et automatisées. Ils se voient également exclus du circuit des assurances et des crédits pour soutenir leurs activités.
La sonnette d'alarme a été tirée par les opérateurs de bingo. Selon le journal lesoir.be, les membres de l'UBA-BNGO se sont récemment réunis pour dénoncer la nouvelle politique adoptée par les banques envers leur secteur. Ces opérateurs de petites et de moyennes tailles indiquent avoir été exclus arbitrairement du circuit bancaire. Leur compte professionnel a été fermé et leur demande de crédit ou d'assurance a été refusée sans justification. Le phénomène serait commun à toutes les enseignes notamment les 5 banques plus importantes en Belgique à savoir BNP Paribas Fortis, KBC, ING, Belfius et Axa/Crelan. D'après les membres de la fédération professionnelle des fabricants, distributeurs et exploitants de bingo, ces bannissements seraient dus à la promulgation de la loi belge contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Pour éviter de futurs problèmes, les banques choisissent de se séparer de secteurs entiers qui pourraient être problématiques comme celui du jeu. La Banque nationale de Belgique serait d'ailleurs au courant de ce phénomène de « de-risking ». Elle a d'ailleurs publié une circulaire pour rappeler aux établissements financiers que le bannissement de pans entiers d'activité est interdit.
« C'est notre métier depuis 20, 30 ou même 50 ans. C'était parfois celui de nos parents et de nos grands-parents. Vous pensez bien que si on faisait n'importe quoi on n'existerait plus ». C'est le message lancé par les membres de l'UBA-BNGO vers les banques et les autorités belges. Ils demandent des mesures rapides et strictes afin de contrer ce phénomène de bannissement subi par leur secteur. À noter qu'ils ont été rapidement rejoints par d'autres opérateurs de jeux d'argent. Emmanuel Mewissen, président de Bago, par exemple a indiqué que seuls les gros opérateurs peuvent encore échapper à ce phénomène grâce au poids de la relation client. Les opérateurs les plus modestes quant à eux se font progressivement exclure. Il rappelle d'ailleurs que son association qui représente 70 % du chiffre d'affaires du secteur du jeu n'a toujours pas de compte bancaire. Enfin, la Commission des jeux de hasard a également indiqué que tous les types de licences sont concernés par ce phénomène. Magali Clavie dénonce d'ailleurs cette pratique qui selon elle, ne fait que favoriser le jeu illégal. La présidente de l'autorité de régulation s'est entretenue avec la fédération du secteur financier pour alerter sur ce risque. D'après le porte-parole du Febelfin, l'entité ne serait pas au courant d'un quelconque phénomène de « de-risking » à l'égard des opérateurs de jeux d'argent.