vendredi 29 Août 2025
Selon une étude de Yield Sec commandée par l'European Casino Association, près des trois quarts des paris et jeux en ligne en Europe sont opérés par des plateformes illégales. Avec 71 % du marché hors contrôle en 2024, soit plus de 80 milliards €, l'ampleur du phénomène inquiète les régulateurs et menace directement les joueurs comme les finances publiques.
L'année 2024 marque un tournant inquiétant pour l'industrie du jeu en ligne. D'après Yield Sec, 71 % des revenus proviennent d'opérateurs offshore non autorisés. En valeur, cela représente 80,6 milliards €, contre 33,6 milliards € seulement pour les opérateurs régulés. Le marché global atteint ainsi 114,3 milliards €, en hausse de 46 % par rapport à 2023.
Cette croissance profite surtout aux acteurs illégaux, dont les revenus progressent de 53 %, quand les opérateurs régulés enregistrent une hausse plus contenue de 30 %.
L'étude met en évidence d'importantes différences selon les zones :
Yield Sec recense 6.200 sites illégaux actifs dans l'Union européenne en 2024. Ces plateformes attirent une part écrasante du public : 81 millions de joueurs européens (sur 118 millions recensés) ont eu recours à des services non régulés.
L'étude souligne également que 92 % du contenu de jeux d'argent vu par les consommateurs européens provenait d'acteurs illégaux. Ceux-ci exploitent des leviers puissants comme les crypto-casinos, les paris prédictifs, ou encore le streaming non autorisé d'événements sportifs.
Au-delà de la protection des joueurs, l'enjeu est aussi économique. En 2024, l'Europe aurait perdu près de 20 milliards € de recettes fiscales à cause du marché noir, selon les estimations reprises par iGamingToday et Bonus.com.
La Belgique illustre parfaitement cette dérive. Yield Sec révèle que 16 des 25 sites de jeu les plus visités par les Belges sont illégaux, représentant 60 % du trafic total. Malgré la réglementation stricte de la Commission des Jeux de Hasard (CJH), l'attrait des plateformes non autorisées reste majoritaire.
Cela pose un double problème :
Pour l'European Casino Association, il est urgent d'agir. L'étude Yield Sec met en lumière une « crise silencieuse » : celle d'un marché en ligne largement soustrait à tout contrôle. Les experts appellent à une coopération renforcée entre États membres, à des mécanismes de blocage plus efficaces et à une régulation adaptée aux nouvelles technologies.
Avec 71 % du marché européen en mains illégales, l'ampleur du phénomène dépasse le simple cadre réglementaire : il menace la sécurité des joueurs, prive les États de recettes fiscales majeures et fragilise la crédibilité de l'industrie légale. La Belgique, fortement touchée, n'échappe pas à cette vague. Face à cette invasion numérique, la bataille contre le jeu illégal s'impose comme une priorité politique et sociétale.