lundi 16 Mai 2022
Le projet du ministre de la Justice sur la lutte contre l’addiction a du mal à passer du côté de l’opposition et des fédérations sportives. Celui-ci vise à limiter la publicité de manière drastique afin de protéger les profils vulnérables surtout chez les jeunes. Si le texte est adopté comme prévu en fin d’année, il risque de provoquer un important bouleversement à la fois sur le marché des jeux et sur celui du sport. Le directeur de la Pro League de football se serait concerté avec ses homologues afin de préparer une proposition alternative au ministre Vincent Van Quickenborne. Celle-ci se concentrerait sur une approche plus vertueuse de la publicité quitte à faire baisser les revenus générés.
L’un des objectifs du gouvernement et du ministre de la Justice consiste à lutter plus efficacement contre l’addiction au jeu. Dans cette optique, un projet de loi visant à limiter au maximum la publicité a été mis au point. À noter que son élaboration a été faite sans consultation auprès de la Commission des jeux de hasard ni des opérateurs. Le texte devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année et marquera la fin de la publicité telle qu’elle est aujourd’hui. Désormais, seules les personnes qui veulent jouer et qui recherchent activement des informations sur le jeu seront exposées à des messages promotionnels. Cela implique l’interdiction de divers formats de pubs comme les spots TV ou radio, les annonces publicitaires sur les sites web, les canaux numériques et les plateformes de réseaux sociaux ainsi que les affiches dans les espaces publics et les offres ciblées par mail, SMS, poste ou services de messagerie. Le texte prévoit également la suppression des jeux de démonstration gratuits pour attirer les clients et la disparition du sponsoring sportif à partir du 1er janvier 2025.
Si le projet de loi a reçu un accueil favorable des 6 ministres compétents en la matière, il a suscité de nombreuses controverses auprès des fédérations, des élus et du régulateur. Ce dernier a notamment été scandalisé de ne pas avoir été consulté. Sa présidente aurait appris la nouvelle par la presse. Le MR s’est quant à lui dit fermement opposé à ce texte qui vise la mort du football selon son président. Quant aux fédérations sportives, elles craignent une baisse drastique de leurs revenus. Le CEO de la Pro League estime qu’une interdiction de la publicité créerait un manque à gagner de 25 %. Lorin Parys a d'ailleurs pris l’initiative d’élaborer sa propre proposition au ministre de la Justice. Le texte a été fait en concertation avec les clubs sportifs, mais également les ligues de basket-ball, de volley-ball et de cyclisme. Celui-ci se concentrerait sur un renforcement des dispositifs déjà en place et la mise en place d’une approche plus vertueuse de la publicité. Il propose notamment de supprimer les appels à action et de créer une politique visant des groupes spécifiques comme les joueurs problématiques.