mardi 26 Août 2025
Selon les révélations du Soir, ING Belgique fait l'objet d'une enquête judiciaire ouverte par le parquet de Bruxelles pour des soupçons de « trafic d'influence ». Cette procédure, distincte de celle visant Didier Reynders, découle d'un rapport de la Banque nationale de Belgique sur de potentiels manquements de la banque face à des dépôts suspects de son client emblématique.
Le parquet de Bruxelles a ouvert, en mai dernier, une information judiciaire pour des faits présumés de « trafic d'influence » visant ING Belgique. Cette décision fait suite à une inspection menée par la Banque nationale de Belgique (BNB), qui a jugé opportun de transmettre le dossier à la justice.
Le procureur du Roi, Julien Moinil, a confirmé l'existence de cette enquête, tout en refusant de commenter davantage « car la procédure est en cours » (Le Soir).
L'enquête vise la banque elle-même, et non directement Didier Reynders. L'ancien ministre et actuel commissaire européen reste par ailleurs sous le coup d'une instruction distincte pour blanchiment, dans laquelle il demeure présumé innocent et conteste toute qualification pénale.
Selon Le Soir, ING Belgique est soupçonnée d'avoir manqué à ses obligations de vigilance, voire d'avoir couvert des dépôts en liquide suspects de son client prestigieux. Entre 2008 et 2018, près de 700.000 € en cash ont transité sur le compte de Didier Reynders. La justification donnée par l'intéressé – des transactions liées à l'achat et la revente d'œuvres d'art – fait encore l'objet de vérifications judiciaires.
Depuis juillet, une quinzaine de responsables de la banque ont été entendus par l'Office central pour la répression de la corruption (OCRC), parmi lesquels l'ancien CEO Erik van den Heyden et l'actuel CEO Peter Adams. Tous ont été auditionnés comme suspects.
Les avocats de plusieurs dirigeants ont refusé de commenter l'affaire. ING Belgique, de son côté, a déclaré ne pas pouvoir s'exprimer sur « un dossier spécifique », mais affirme assumer pleinement son rôle de « gardien du système financier » en respectant les obligations légales de lutte contre le blanchiment.
Un élément central de l'enquête concerne le délai entre les dépôts suspects et la transmission d'une déclaration à la Cellule de traitement des informations financières (Ctif). Ce n'est qu'en 2023 que la banque a alerté les autorités, alors même que l'enquête judiciaire était déjà déclenchée à la suite d'une dénonciation de la Loterie nationale.
Cette lenteur pourrait être interprétée comme une mansuétude envers une « personne exposée politiquement » (PEP). Or, le statut de Didier Reynders - ministre des Finances puis des Affaires étrangères, avant de devenir commissaire européen - impliquait une vigilance accrue de la part de son établissement bancaire.
Au Parlement, la « commission Reynders » avait déjà entendu des experts de la BNB qui pointaient le problème récurrent de notifications tardives à la Ctif. En juillet, le Parti socialiste a réclamé la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur ce dossier, sans obtenir de réponse de la majorité.
Si les faits de « trafic d'influence » étaient avérés, ING Belgique s'exposerait à des sanctions pénales sévères : de six mois à quatre ans de prison pour les responsables et jusqu'à 80.000 € d'amende.