vendredi 24 Janvier 2025
Un informaticien en chef de la société Gaming1, filiale d'Ardent Group, a exploité une faille informatique pour détourner près de 830 000 euros au détriment de son employeur. L'affaire, révélée en juin 2024, mêle hacking, fraudes et complicités, et met en lumière des failles de sécurité dans l'univers des jeux de hasard en ligne.
Un scandale retentissant a éclaté au sein d'Ardent Group, propriétaire du célèbre casino Circus, après la découverte d'une fraude interne de grande ampleur orchestrée par un employé clé. Cédric, 34 ans, informaticien en chef de la société Gaming1, est accusé d'avoir piraté les systèmes informatiques de son employeur pour détourner plus de 800 000 euros. L'affaire, rendue publique en juin 2024, implique également deux femmes : Céline, une maîtresse sadomasochiste surnommée "Neo Web", et Laetitia, une escort-girl connue sous le pseudonyme "Poussin Sauvage".
Cédric, engagé en 2014 par Gaming1, aurait découvert en 2018 une faille critique dans le système de son employeur. Cette vulnérabilité lui permettait de suivre en temps réel les données des joueurs et d'identifier le moment exact où des gains allaient être attribués. En utilisant ces informations, il a détourné des sommes considérables entre novembre 2018 et avril 2020, qu'il a ensuite redistribuées sur les comptes de Céline et Laetitia. Selon les déclarations des prévenues, Cédric leur aurait promis des "jackpots garantis" et assuré qu'il était "impossible de se faire prendre", étant lui-même chargé de surveiller le système. Céline aurait ainsi reçu plus de 400 000 euros, tout en reversant une partie des fonds à Cédric sous forme liquide. Laetitia, de son côté, aurait également bénéficié de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Les deux femmes ont admis avoir été conscientes de l'illégalité des transactions, mais affirment avoir été manipulées par les promesses de l'informaticien.
Le scandale a éclaté en juin 2024, lorsque des irrégularités ont été détectées dans les comptes de Gaming1. Une enquête approfondie a rapidement révélé que les fonds détournés provenaient d'une manipulation des données internes, orchestrée par Cédric. Cette affaire a suscité une vague d'inquiétude dans l'industrie des jeux de hasard, où la confiance des joueurs repose sur l'intégrité des systèmes. Ardent Group, déjà leader sur le marché belge, a vu sa réputation fortement ébranlée. Des experts en cybersécurité ont dénoncé l'absence de contrôles internes rigoureux, permettant à un employé de contourner les protections pendant près de deux ans. "C'est un signal d'alarme pour tous les opérateurs de jeux en ligne", a déclaré un spécialiste du secteur. "Ce type de faille peut gravement compromettre la crédibilité de l'industrie."
Le procès, qui s'est ouvert fin 2024 devant le tribunal correctionnel de Liège, a attiré une attention médiatique considérable. Cédric est poursuivi pour hacking, fraude et faux informatiques, tandis que Céline et Laetitia doivent répondre de complicité et recel de fonds détournés.
Le parquet a requis des peines de 20 mois de prison avec sursis pour l'informaticien, et 15 mois pour les deux femmes, accompagnées d'amendes. Toutefois, les avocats de la défense ont plaidé l'acquittement, estimant que :
"Je pensais qu'il mentait", a déclaré Céline à la barre, en expliquant avoir été séduite par les promesses de Cédric. De son côté, Laetitia a affirmé qu'elle croyait à un jackpot légitime dans un système qu'elle ne comprenait pas.
La décision du tribunal, attendue en février 2025, pourrait faire jurisprudence dans le domaine des fraudes informatiques liées aux jeux de hasard. Cette affaire met également en lumière la nécessité pour les opérateurs de renforcer leurs mécanismes de cybersécurité et de surveillance interne. En attendant le verdict, Ardent Group devra redoubler d'efforts pour regagner la confiance de ses joueurs et des régulateurs. Cette affaire, au-delà des montants détournés, marque un tournant pour l'industrie des jeux en ligne, confrontée à des enjeux croissants de transparence et de sécurité.