mardi 3 Décembre 2024
Les loot boxes, ou contenus aléatoires payants, ont été au centre des discussions du workshop organisé par la Commission des Jeux de Hasard (CJH) le 30 janvier 2024. Ce phénomène controversé, souvent associé aux jeux vidéo, questionne les régulateurs internationaux sur les limites entre divertissement et jeu de hasard. Retour sur les propositions et les enjeux soulevés lors de cet événement.
Depuis leur émergence dans l'univers des jeux vidéo, les loot boxes – ces coffres virtuels contenant des récompenses aléatoires – suscitent un débat mondial. Doivent-elles être considérées comme des éléments de gameplay ou des jeux de hasard nécessitant une réglementation stricte ? Lors de cet atelier, les régulateurs, dont l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) en France, ont échangé sur les défis que posent ces mécanismes. La difficulté réside dans leur popularité auprès des mineurs et dans leur modèle économique qui encourage les dépenses répétées. Selon les experts, les loot boxes pourraient être un point d'entrée vers des comportements à risque, en particulier chez les plus jeunes.
Plusieurs régulateurs présents, comme la Malta Gaming Authority et la UK Gambling Commission, ont partagé leurs expériences en matière de supervision des contenus aléatoires payants. Certains pays ont déjà pris des mesures restrictives, qualifiant les loot boxes de jeux de hasard, tandis que d'autres hésitent encore à légiférer.
En Belgique, les loot boxes sont interdites depuis 2018 si elles impliquent de l'argent réel. Ce modèle a été présenté comme un exemple, bien que les acteurs de l'industrie soulignent les limites de son application à l'échelle internationale. Une approche plus uniforme semble indispensable pour contrer les opérateurs transfrontaliers.
Les participants au workshop ont unanimement souligné l'impact potentiel des loot boxes sur les mineurs. La CJH et l'ANJ ont plaidé pour l'introduction d'avertissements clairs et d'un contrôle accru de l'accès à ces contenus, notamment via des outils de vérification d'âge. Des solutions technologiques, comme l'utilisation de l'intelligence artificielle pour détecter des comportements compulsifs, ont également été évoquées. Par ailleurs, un registre des mineurs protégés, sur le modèle des exclusions volontaires déjà en place pour les jeux de hasard, pourrait être envisagé.
Au-delà de la régulation, le workshop a insisté sur la nécessité d'un dialogue ouvert avec les éditeurs de jeux vidéo. Ces derniers soutiennent souvent que les loot boxes ne relèvent pas des jeux de hasard, mais constituent une simple mécanique de jeu. Certains régulateurs, comme la Dirección General de Ordenación del Juego en Espagne, ont proposé des partenariats avec l'industrie pour établir un cadre d'autorégulation. Les éditeurs pourraient être amenés à plus de transparence sur les probabilités de gain et à limiter les dépenses possibles.
La question des loot boxes illustre la difficulté pour les régulateurs d'unifier leurs approches face à un marché globalisé. Les discussions du workshop ont mis en avant la nécessité d'une collaboration internationale pour protéger les joueurs, en particulier les plus vulnérables, tout en préservant l'innovation et la compétitivité des éditeurs.
La Commission des Jeux de Hasard, à travers ce workshop, a montré l'urgence d'agir pour éviter que les contenus aléatoires payants ne deviennent une zone grise échappant à toute réglementation. Les loot boxes ne sont pas seulement un enjeu de régulation des jeux vidéo ; elles interrogent les frontières entre lois sur les jeux de hasard et lois sur la consommation. Le workshop de la CJH constitue une étape importante vers une compréhension collective de ce phénomène et vers des solutions concertées.
Avec une attention accrue aux mineurs et à la transparence, l'industrie du jeu vidéo pourrait être amenée à repenser ses pratiques pour répondre aux attentes croissantes des régulateurs et des consommateurs.
Vous pouvez retrouver le rapport de cette atelier ici.