dimanche 22 Décembre 2024
Une étude de Yield Sec, complétée par les résultats d'une enquête Ipsos, révèle que cinq des dix plus grands sites de jeux d'argent en ligne en Belgique sont illégaux. Une situation qui met en évidence les limites des régulations actuelles et pose des questions sur la protection des joueurs, notamment les jeunes.
Le secteur des jeux d'argent en ligne en Belgique est en pleine mutation. Entre la lutte contre les sites illégaux, les restrictions publicitaires et l'augmentation des comportements à risque, la situation est complexe. Selon Yield Sec, cinq des dix plateformes les plus fréquentées par les joueurs belges opèrent sans licence, menaçant à la fois les finances publiques et la protection des joueurs. Une récente enquête d'Ipsos, mandatée par la Commission des Jeux de Hasard (CJH), apporte un éclairage supplémentaire sur les risques encourus, notamment par les jeunes.
Les chiffres publiés par Yield Sec sont alarmants : cinq des dix plus grands sites de jeux d'argent en Belgique sont illégaux. Parmi eux, Stake.com arrive en tête avec 9,92 % de part de marché. Ces plateformes, souvent basées dans des paradis fiscaux comme Curaçao, opèrent en dehors de tout cadre légal. Elles attirent les joueurs grâce à des stratégies marketing agressives, comme les bonus ou les partenariats avec des influenceurs, pourtant interdits en Belgique.
En parallèle, des plateformes légales comme Unibet.be (9,24 %) et Napoleongames.be (4,95 %) tentent de maintenir leur présence dans un environnement de plus en plus réglementé. Mais elles souffrent de la concurrence déloyale des opérateurs illégaux, qui n'ont aucune obligation de se conformer aux lois locales.
Une étude Ipsos pour la CJH, publiée en septembre 2023, dresse un tableau préoccupant de la situation. Sur les 1 000 jeunes Belges interrogés (18-30 ans) :
Cette confusion expose les jeunes à des risques accrus, notamment une absence de protection contre les comportements addictifs. Les sites illégaux permettent souvent l'accès aux mineurs et n'offrent aucun encadrement en cas de jeu excessif.
Depuis 2023, la Belgique a introduit une interdiction progressive de la publicité pour les jeux de hasard, avec un objectif de suppression totale d'ici 2028. Cette mesure vise à protéger les joueurs vulnérables, mais ses effets sont controversés. En 2023, malgré l'interdiction de la publicité sur la télévision et les sites web, les revenus bruts des opérateurs de jeux ont augmenté de 16 %, atteignant 1,7 milliard d'euros. Les représentants du secteur, comme Dennis Marien d'Unibet, critiquent ces mesures, affirmant qu'elles renforcent la visibilité des sites illégaux. « En fermant la porte aux opérateurs légaux, nous laissons les joueurs à la merci des plateformes non réglementées », déclare-t-il.
La CJH, responsable de la régulation du secteur, se trouve débordée par l'ampleur du phénomène. Avec un personnel limité (environ 40 employés, contre 200 pour son homologue néerlandaise), elle peine à suivre le rythme des opérateurs illégaux. De plus, près de 90 % des amendes infligées restent impayées, notamment par des sites basés à l'étranger.
Malgré ces défis, la Commission des Jeux Hasard travaille en collaboration avec des géants de la tech comme Google et Meta pour limiter l'accès aux plateformes illégales. Elle prévoit également de renforcer ses actions à partir de 2025, notamment dans le domaine du sponsoring sportif.
Pour faire face à ces défis, plusieurs pistes sont envisagées :
Le marché belge des jeux d'argent est à un tournant. Alors que les sites illégaux gagnent du terrain, la régulation peine à suivre. Protéger les joueurs, en particulier les jeunes, passe par un renforcement des lois, une meilleure surveillance et une sensibilisation accrue. Le temps presse pour empêcher que cette situation ne s'aggrave davantage.