lundi 4 Décembre 2023
Le marché illégal des jeux d'argent en France pourrait atteindre jusqu'à 1,5 milliard d'euros par an, représentant plus de 10% du total des mises dans le pays chaque année. Une étude de l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ), menée par PwC, a identifié 510 sites Web illégaux générant du trafic, dont 21 représentaient à eux seuls 60% du trafic de jeux d'argent illégaux.
Préoccupant, 79% des revenus bruts de jeux (GGR) générés par le marché illégal des jeux en ligne proviennent de joueurs à haut risque. Les motivations principales pour participer aux jeux illégaux incluent l'absence de limites de mise ou de vérifications d'identité, l'attente de gains plus élevés et une plus grande variété de jeux. La moitié des sites Web illégaux dont les opérateurs ont été identifiés sont détenus par des sociétés enregistrées à Curaçao. Les jeux de casino en ligne et les machines à sous représentent environ 50% du trafic de jeux d'argent en ligne illégaux.
L'ANJ a commandé cette étude pour mesurer le jeu en ligne illégal et mieux comprendre les habitudes de consommation. L'étude, réalisée de janvier à mars 2023, comprenait un panel Web de plus de 11 000 participants. L'ANJ prévoit de renforcer l'échange d'informations et de meilleures pratiques avec ses homologues européens par le biais du GREF et cherche également à sensibiliser le public aux dangers du jeu illégal.
En France, 18 opérateurs sont autorisés par l'ANJ, ainsi que la FDJ, à offrir légalement des jeux d'argent en ligne. L'ANJ a bloqué plus de 300 sites Web au cours de la dernière année et prévoit maintenant de prendre une série de mesures, notamment faire des signalements aux autorités pour engager des poursuites contre les opérateurs basés à Curaçao ou à Chypre. Elle prendra également des mesures contre les éditeurs de logiciels et les fournisseurs d'hébergement pour les sites illégaux, ainsi que contre les prestataires de services de paiement facilitant les flux financiers entre les opérateurs illégaux et les joueurs.
Le marché des jeux d'argent en France a atteint un record de 12,9 milliards d'euros de GGR en 2022, en hausse de 20% par rapport à l'année précédente. Le GGR total provenant des jeux d'argent en ligne était de 2,17 milliards d'euros, dont 1,38 milliard d'euros en paris sportifs en ligne, 442 millions d'euros en poker en ligne et 346 millions d'euros en paris hippiques en ligne.
Parallèlement à la situation en France, la Belgique fait face à une montée alarmante des jeux en ligne illégaux. Une étude de l'Union Professionnelle des Agences de Paris (UPAP) révèle que plus de 1.000 sites illégaux ont été identifiés entre janvier et avril 2023, dont 893 accessibles aux joueurs belges. Cela représente une augmentation significative par rapport à une étude antérieure. La Commission des Jeux de Hasard belge a actuellement 455 sites sur sa liste noire, mais 204 d'entre eux restent accessibles.
Les joueurs belges sont exposés à des risques accrus d'arnaques et d'exploitation, avec des opérateurs illégaux souvent basés dans des juridictions fiscalement avantageuses comme Curaçao et Malte. L'inscription sur ces sites est étonnamment simple, souvent sans vérification d'âge adéquate, augmentant le risque d'exposition des mineurs. Le secteur légal des jeux en Belgique s'inquiète que l'interdiction récente de la publicité pour les jeux de hasard puisse pousser les joueurs vers le marché illégal, dépourvu de toute régulation.
Face à ces défis, l'UPAP appelle à des mesures gouvernementales concrètes pour lutter contre l'accès aux sites de jeux illégaux et suggère une collaboration renforcée entre le gouvernement, les banques, les institutions financières et les opérateurs télécoms. Cette situation met en évidence la nécessité d'une régulation efficace et d'une coopération entre les différents acteurs pour protéger les citoyens et maintenir un environnement de jeu sain et sécurisé.