Addiction au jeu : Il faut arrêter de blâmer le joueur compulsif
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Addiction au jeu : Il faut arrêter de blâmer le joueur compulsif

jeudi 25 Janvier 2024

Fédération Addiction

Dans un article rédigé par Sylvia Kayrouz, Annie-Claude Savard et Lucia Romo, la Fédération Addiction soulève une contradiction majeure qui bloque la lutte contre le jeu. La focale serait en effet portée sur la responsabilité du joueur et sa faculté à adopter un comportement « vertueux ». La prédominance des recherches sur menées à travers le prisme des sciences psychologiques le prouve ainsi que la pathologisation de la problématique même de l'addiction et des problèmes liés au jeu. Les autrices de l'article appellent à une remise en question de l'approche adoptée pour que chaque acteur prenne conscience de sa part de responsabilité notamment les politiques et les opérateurs de jeu.

La souffrance cachée des joueurs

Dans le monde des jeux d'argent actuel, l'addiction et les comportements à risque sont entièrement attribués aux joueurs. Ils sont ceux qu'il faut informer, sensibiliser et éduquer afin qu'ils développent les réflexes adéquats pour ne pas tomber dans la spirale de l'endettement ainsi que de la dépendance. Cette approche est cependant paradoxale, car elle fait l'impasse sur la responsabilité des opérateurs et des politiques.

Les premiers sont en effet libres d'attirer les joueurs en dépeignant une image à la fois attractive et ludique des joueurs via la publicité. Dans leur article, les trois autrices citent le cas du Québec. Durant la pandémie, une majorité de la population locale aurait été exposée plus que d'habitude à des publicités pour le jeu. 20 % considèrent d'ailleurs avoir été influencés dans leur comportement par ces réclames. Même dans le discours de jeu responsable, la focale est mise sur le joueur et le fait de l'informer, de le sensibiliser. L'objectif étant de créer un profil « responsable », soit l'antonyme même de celui qui rencontre des problèmes de jeu.

Les seconds quant à eux se concentrent sur la pathologisation de l'addiction et des comportements à risque. Cela se traduit par des mesures qui visent davantage à rejeter la faute sur le joueur à qui, encore une fois, la responsabilité reviendrait de s'informer pour ne pas tomber dans le piège. Ce discours et cette approche créent de leur côté une diabolisation des jeux de hasard au sein de la société. Ces derniers étant considérés comme un vice, ceux qui s'y adonnent sont associés à des profils impulsifs, irresponsables et irrationnels. Tous ces jugements viennent s'ajouter à la souffrance des joueurs à risques ou compulsifs qui vivent déjà d'énormes difficultés comme la solitude, l'isolement, la précarité. Au final, l'approche moderne ne fait donc qu'accentuer la source du problème.

Repenser l'approche du jeu et de l'addiction

En conclusion de l'article, la Fédération Addiction appelle à repenser la manière dont est traitée la problématique du jeu et de l'addiction. Une réorganisation globale est nécessaire pour que chaque acteur soit inclus dans les initiatives et les discours selon son rôle, mais surtout en tenant compte de celui des autres. L'objectif serait de mettre en place un système où les individus et les structures se mettraient en conversation pour réduire les méfaits associés aux habitudes et aux environnements de jeu afin d'agir dans une optique de promotion de la santé globale.

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