vendredi 2 Mai 2025
Face à un durcissement constant des règles encadrant les jeux de hasard en Belgique, le groupe Gaming1 tire la sonnette d'alarme. Dans un entretien accordé à SBC News, Sylvain Boniver, cofondateur et COO du groupe liégeois, appelle à un équilibre entre protection des joueurs et compétitivité du secteur légal.
La Belgique a toujours appliqué une politique de régulation stricte concernant les jeux de hasard. Mais selon Sylvain Boniver, cette tendance s'intensifie dangereusement. Ces derniers mois, plusieurs mesures majeures ont été prises : l'interdiction totale des bonus de bienvenue, le relèvement de l'âge minimum légal à 21 ans, ou encore des limites plus sévères sur la publicité. Pour les opérateurs, ces règles représentent un changement profond du paysage commercial.
Si ces décisions visent à renforcer la protection des consommateurs et à limiter les comportements problématiques, elles posent aussi la question de leur efficacité à long terme, surtout face à la concurrence croissante du marché noir.
« Trop de régulation peut avoir l'effet inverse. Si l'offre légale devient trop contraignante ou peu attractive, les joueurs risquent de se tourner vers des opérateurs illégaux qui n'appliquent aucune mesure de protection », avertit Boniver dans les colonnes de SBC News [source : SBC News, 17 avril 2025].
Acteur majeur du secteur belge, Gaming1 dispose d'une expérience à la fois locale et internationale. Pour son cofondateur, la clé d'une politique efficace réside dans un juste équilibre : encadrer sans étouffer.
Boniver insiste également sur le fait que Gaming1 ne s'oppose pas à la régulation, bien au contraire. L'entreprise collabore activement avec la Commission des jeux de hasard (CJH) et soutient l'instauration de mesures de jeu responsable. Mais il alerte sur une potentielle « déconnexion » entre certaines décisions politiques et la réalité opérationnelle du secteur.
« Ce n'est pas en affaiblissant les opérateurs légaux qu'on protège mieux les joueurs. Il faut travailler ensemble à une solution équilibrée, basée sur les données, l'analyse du comportement des joueurs et le dialogue avec les parties prenantes », explique-t-il.
L'une des préoccupations centrales de Gaming1 concerne l'impact non anticipé de la régulation sur le marché illégal. Moins encadrées, ces plateformes offrent des incitations interdites en Belgique (bonus, jackpots élevés, etc.) et ne mettent en place aucune limite de dépôt ou d'auto-exclusion.
Selon Boniver, les données montrent déjà un glissement progressif d'une partie des joueurs vers ces plateformes, notamment les jeunes adultes, davantage sensibles aux offres attractives. Une tendance qui risque de s'aggraver si les opérateurs légaux perdent encore en attractivité.
Pour rester pertinent malgré le durcissement du cadre légal, Gaming1 mise sur deux leviers : l'innovation technologique et la responsabilité. Le groupe développe des outils d'intelligence artificielle pour détecter les comportements à risque, investit dans des jeux plus ludiques que prédatifs, et renforce ses programmes d'auto-contrôle.
Mais Boniver rappelle que ces efforts ne peuvent être efficaces que si le cadre réglementaire permet aux opérateurs légaux de continuer à exister de manière compétitive.
En conclusion, Gaming1 appelle à une meilleure concertation entre le législateur, les opérateurs, les associations spécialisées dans l'addiction et les experts du numérique. L'objectif : construire un écosystème durable, protecteur pour les joueurs mais viable économiquement.
La Belgique se trouve à un carrefour critique : selon Boniver, elle peut soit devenir un modèle européen de régulation équilibrée, soit pousser involontairement son marché dans l'informel.