mardi 23 Août 2022
Les opérateurs de jeux de hasard multiplient les campagnes promotionnelles orientées vers les jeunes. Les spots à la télévision reprennent les codes du moment tant dans leur visuel que leur langage. Les réseaux sociaux sont également de plus en plus inondés par des publicités. Une partie des opérateurs vont jusqu'à assurer leur présence sur Tik Tok, une plateforme essentiellement utilisée par des mineurs. Cette tendance commence à inquiéter les observateurs et le gouvernement. Ceux-ci craignent en effet une augmentation des risques d'addiction chez les jeunes à cause d'une surexposition au jeu et à son univers.
Les opérateurs de jeux en ligne se sont engagés dans un long processus afin de rajeunir leur image auprès du grand public. L'objectif est de séduire une clientèle plus jeune afin de relancer leur activité et la pérenniser. L'opération semble efficace puisqu'en Belgique, un joueur sur trois a moins de 25 ans. Pour réussir leur projet, les opérateurs misent surtout sur la publicité à la fois en ligne et dans les médias traditionnels. À la télévision, les spots sont de plus en plus nombreux et reprennent les codes des jeunes. Ils vendent le jeu comme un outil pour booster les sensations offertes par un évènement sportif. La pub véhicule l'image d'un nouveau rituel, celui de parier en suivant un match avec ses amis, le tout en savourant une bière et en dégustant une pizza.
En ligne, l'offensive est également tout aussi impressionnante avec la multiplication des annonces ciblées via les réseaux sociaux et le recours aux influenceurs. La goutte qui a cependant fait déborder le vase et susciter la controverse, c'est la présence de certains opérateurs sur Tik Tok. Ce réseau a en effet connu un essor incroyable depuis 2020. Malheureusement, il s'adresse surtout à des jeunes, voire à des mineurs. La présence d'opérateurs de jeu sur cette plateforme a donc de quoi faire lever quelques sourcils. Christophe Michel, directeur de la stratégie digitale chez Ladbrokes, s'est défendu en indiquant que les vidéos postées sur Tik Tok par ses équipes n'incitent pas directement au jeu. De plus, il justifie leur présence par la possibilité d'atteindre 3 millions de clients potentiels.
Si la publicité est un sujet si sensible en Belgique et dans le monde des jeux, c'est à cause de son pouvoir évocateur et son influence sur les jeunes. Selon le psychologue François Mertens, la capacité d'inhibition est moins importante chez cette frange de la population. Le risque de développer un comportement compulsif vis-à-vis du jeu est donc plus élevé. Pour protéger les jeunes, les observateurs proposent l'intégration d'un message de prévention dans les spots promotionnels des opérateurs. Une autre solution plus radicale est d'interdire totalement la promotion des jeux de hasard. Celle-ci est bien entendu la plus controversée surtout auprès des acteurs légaux. Selon eux, il s'agit d'une fausse bonne idée qui pourrait au contraire favoriser l'addiction. En limitant les opérateurs légaux, le gouvernement favoriserait en effet le marché illégal qui est plus agressif et plus libre. La Commission des jeux de hasard, de son côté, penche également pour un renforcement des dispositifs existants. Le gouvernement quant à lui semble pencher de plus en plus vers l'interdiction totale. Le récent projet de loi déposé par le ministre de la Justice le prouve.