vendredi 20 Janvier 2023
L'industrie du jeu vidéo se prépare à un bouleversement de ses modèles économiques en Europe. Le Parlement européen vient en effet de voter en faveur d'une proposition visant à mieux protéger les joueurs contre les dangers des micro-transactions et des loot boxes. L'objectif est de mettre en place une régulation commune à tous les membres afin de créer un environnement serein et sécurisé pour les consommateurs notamment les plus jeunes.
Les loot boxes et les microtransactions sont au cœur des discussions entre régulateurs depuis quelques années. Les pays du Benelux ont notamment adopté une approche commune afin de mieux les contrôler. Le Royaume-Uni s'est également attaqué au sujet en juillet 2022. Ce n'était donc qu'une question de temps avant que l'Europe se penche aussi sur cette épineuse question. Lors d'une réunion le 19 janvier, le Parlement a voté en faveur d'une proposition afin de mieux réguler les modèles économiques utilisés dans l'industrie du jeu vidéo.
Celle-ci porte notamment sur les loot boxes, des pochettes surprises dont le fonctionnement peut être assimilé à des machines à sous. Le Parlement demande à la Commission européenne de mener une étude afin de mettre en place une régulation commune pour protéger les consommateurs. Le modèle souhaité pourrait se rapprocher de celui en vigueur en Belgique où les loot boxes sont interdits, car considérés comme des jeux de hasard.
Le Parlement souhaite également imposer aux éditeurs de mettre en place un dispositif de désabonnement plus facile pour leurs offres en ligne. L'idée est de faire en sorte qu'un joueur puisse mettre fin à son abonnement aussi facilement qu'il y a souscrit. Une amélioration de la politique de retour et remboursement est également prévue. Le Parlement souhaite que les lois qui protègent déjà les consommateurs européens soient étendues aux achats en ligne dans les jeux vidéo.
Un autre point important dans la proposition européenne porte sur le gold farming, une pratique qui consiste à récolter de l'or virtuel en obligeant des joueurs à répéter inlassablement les mêmes actions. Le Parlement souhaite son interdiction, la jugeant similaire au blanchiment d'argent, au travail forcé et à l'exploitation des enfants dans les pays en développement.
Enfin, les eurodéputés veulent œuvrer pour l'intégration de meilleurs outils de contrôles parentaux. Pour cela, ils proposent d'étendre le système de classification par âge PEGI à l'ensemble des juridictions européennes. Ils souhaitent toutefois l'améliorer en imposant aux éditeurs des étiquettes standards qui informeraient les joueurs sur le thème du jeu, les options d'achat et la présence de publicités contextuelles.
La proposition européenne ne porte pas uniquement sur des restrictions et des interdictions. Elle demande également la création d'une stratégie afin de soutenir l'industrie. Parmi les suggestions, il faut par exemple citer la création d'un nouveau prix européen annuel du jeu vidéo en ligne. Pour rappel, le jeu vidéo représente 90 000 emplois directs sur le continent. Enfin, les éditeurs et les syndicats de développeurs ont réagi à cette proposition. Selon eux, la régulation européenne est déjà suffisamment stricte pour assurer un environnement sécurisé aux joueurs. Les éventuels problèmes seraient davantage le résultat d'un manque de contrôle et non d'un vide dans la législation.