mardi 18 Octobre 2022
Le secteur des jeux d'argent doit s'adapter à une nouvelle contrainte depuis le début du mois d'octobre. Le contrôle d'identité obligatoire à l'entrée a en effet été élargi aux agences de paris. Pour se voir autoriser l'accès, les joueurs doivent présenter leur carte d'identité, énoncer leur profession, se faire photographier et signer un registre dans lequel toutes ces informations seront stockées pendant 10 ans. L'objectif du contrôle est de repérer les interdits de jeu qui sont répertoriés sur le système EPIS. Après 15 jours d'application, la mesure aurait déjà provoqué près de 10.000 blocages dans les agences de paris.
Le gouvernement s'est lancé dans une vaste campagne de réforme sur le secteur des jeux d'argent. Après avoir interdit la publicité, il vient d'élargir le contrôle EPIS aux agences de paris. Depuis le début du mois, tous les joueurs qui veulent se rendre dans ces établissements doivent montrer patte blanche à l'entrée. Ils sont notamment invités à partager des informations personnelles qui seront stockées pendant 10 ans. Ils doivent également présenter une pièce d'identité et énoncer leur profession. Pour rappel, le contrôle EPIS (Excluded Persons Information System) vise à identifier les joueurs interdits de casino ou ceux qui sont en médiation de dettes.
Selon les chiffres transmis par la Commission des jeux de hasard et publiés par le site LeSoir.be, la nouvelle disposition a déjà engendré 9 317 blocages sur 15 jours. Ces chiffres sont toutefois à relativiser. Selon la présidente de l'autorité de régulation elle-même, ils ne correspondent pas au nombre de personnes qui ont été bloquées lors de leur passage dans une agence. Magali Clavie a en effet indiqué qu'un joueur pouvait être comptabilisé plusieurs fois. De plus, une partie des personnes bloquées ignoraient qu'elles étaient interdites de jeu. Comme évoquée précédemment, la médiation de dettes entraine automatiquement l'ajout du concerné dans la liste EPIS. Magali Clavie admet toutefois que les chiffres restent inquiétants puisqu'ils sont 3 fois plus élevés par rapport à ceux des casinos.
La nouvelle mesure a été mal accueillie par le secteur qui s'est empressé d'attaquer l'État en justice devant le Tribunal de première instance de Namur. Il accuse celui-ci de violer le RGPD avec la collecte massive de données à l'entrée et surtout leur conservation pendant 10 ans. Les opérateurs ont notamment rappelé que l'Autorité de protection des données avait déjà exprimé son désaccord dans trois avis distincts concernant ces dispositions.
Yannick Bellefroid, président de l'Union professionnel des agences de paris et CEO de Ladbrokes Belgium, quant à lui a dénoncé une fois de plus le favoritisme envers la Loterie nationale. Il déplore en effet que le contrôle ne soit pas étendu aux librairies qui pour rappel peuvent proposer des jeux de hasard. À noter toutefois qu'une proposition de loi allant dans ce sens a été déposée à la Chambre.
Enfin, Yannick Bellefroid a indiqué que le secteur avait déjà pris des initiatives pour protéger les joueurs avant de terminer sur : « Sans doute que le ministre veut se donner bonne conscience en prétendant protéger le consommateur avec cette loi, mais elle ne règle aucunement le problème de fond. Au contraire, les gens qui veulent vraiment jouer sont précipités dans les bras d'opérateurs illégaux sur le net ».